Journée mondiale des oiseaux migrateurs : Voici 4 exploits incroyables que vous ne soupçonniez pas sur ces voyageurs du ciel
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Rubrique Tendances & Actus
À l’occasion de la Journée mondiale des oiseaux migrateurs, célébrée ce 11 octobre 2025, tournons-nous vers ces voyageurs infatigables qui relient les continents. Leur périple, un ballet naturel au-dessus des mers et des montagnes, nous invite à réfléchir à notre rôle dans leur préservation. Parmi eux, certains affrontent des menaces critiques, d’autres pulvérisent les records de distance ou d’endurance. Ce thème de l’année, « Espaces partagés : créer des villes et des communautés respectueuses des oiseaux », nous pousse à agir pour que ces silhouettes graciles puissent continuer à tracer leur route, sans entrave. Pour terminer le petit tour du BeMac de ce début de week-end, nous fêtons aussi les Firmin.

La migration, un phénomène qui nous engage
Chaque année, quand les saisons tournent, un spectacle grandiose, mais souvent discret, se joue au-dessus de nos têtes : des millions d’oiseaux migrateurs s’élancent dans des odyssées incroyables. Ils franchissent des plaines, survolent des mers et des montagnes, ignorant superbement les frontières que nous, humains, avons tracées. Ce phénomène naturel, qui se répète inlassablement, nous offre une occasion unique de nous rassembler et de prendre conscience des enjeux, notamment lors de la Journée mondiale des oiseaux migrateurs.
Cette campagne mondiale a pour but essentiel de sensibiliser le public à leur sort et aux défis de leur conservation. Le thème de cette année, « Espaces partagés : créer des villes et des communautés respectueuses des oiseaux », est particulièrement parlant, car il met en lumière à quel point il est urgent de repenser nos espaces urbains pour qu'ils ne soient plus des obstacles, mais des lieux de vie mutuelle. C’est un appel à l'action mondiale qui invite chacun de nous à faire sa part pour que ces voyageurs du ciel et nous-mêmes puissions nous épanouir côte à côte.
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L'Aigle de Bonelli, un symbole fragile de nos ciels
Quand on pense aux oiseaux migrateurs, on a souvent en tête les longues distances, ceux qui viennent de loin. Mais chez nous aussi, en France, certains d’entre eux traversent des périodes extrêmement difficiles, et leur survie est un combat de tous les jours. Parmi les espèces migratrices les plus menacées sur notre territoire métropolitain, on ne peut pas ignorer l'Aigle de Bonelli. Si vous le croisez un jour, sachez que cet oiseau majestueux est classé comme « En danger » sur la Liste rouge de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) pour la France.
Bien qu’il ne soit pas un migrateur au long cours comme d’autres, il effectue des mouvements migratoires et de dispersion importants, notamment les jeunes, qui errent loin des zones de nidification. Sa population est tristement basse et se concentre dans quelques régions du sud, principalement autour de la Méditerranée. Ce qui le menace le plus ? Les destructions d’habitats et les dérangements sur ses sites de nidification, souvent des falaises tranquilles, sans oublier l’empoisonnement et les collisions avec les lignes électriques. Sa protection est un enjeu majeur qui nécessite un engagement fort et continu, parce que perdre un tel emblème serait un drame pour notre biodiversité.
La Sterne arctique, l’infatigable voyageuse
En matière de migration, il y a des athlètes, et puis il y a la Sterne arctique, une championne toutes catégories. C’est elle, sans conteste, qui effectue la plus longue migration au monde. Imaginez un peu : ce petit oiseau, qui ne pèse qu’une centaine de grammes, traverse la planète de part en part chaque année. Elle passe l'été à se reproduire dans l'Arctique ou les régions subarctiques, puis, quand arrive l'hiver, elle s’envole pour rejoindre l'Antarctique.
Le voyage aller-retour ? On parle d’un périple qui peut dépasser les 70 000 kilomètres, un chiffre absolument époustouflant. Ce sont des dizaines de milliers de kilomètres qu’elle ajoute à son compteur, et cela lui permet de profiter de deux étés par an, maximisant ainsi ses chances de trouver de la nourriture. Si l’on cumule toutes ses migrations au cours de sa vie, elle peut vivre plus de vingt ans, on arrive à plus de deux millions de kilomètres parcourus. Pour se donner une idée, cela équivaut à plusieurs allers-retours entre la Terre et la Lune. C’est la preuve qu’en dépit de sa petite taille, elle a une endurance et une détermination colossales.
Le Martinet noir, l’éloge du vol sans escale
Dans le club des grands voyageurs, si la distance totale parcourue fait la fierté de la Sterne arctique, la palme du vol le plus long sans aucune interruption revient au Martinet noir. Cet oiseau, que l’on confond parfois avec l’Hirondelle, est un véritable prodige de l'adaptation au milieu aérien. Le Martinet noir a une capacité étonnante à passer la quasi-totalité de son temps en vol. Des études récentes, réalisées grâce à des géolocalisateurs miniaturisés, ont permis de confirmer ce que l’on suspectait depuis longtemps : une fois qu'il quitte son nid après la période de reproduction, il ne se pose plus du tout pendant près de dix mois.
Durant cette période immense, il fait tout en l’air : il se nourrit en capturant des insectes volants, il boit en effleurant la surface de l’eau, il copule et, chose encore plus fascinante, il dort. Oui, il s’offre des micro-siestes à haute altitude, souvent en planant sur les courants ascendants. C’est une prouesse biologique qui montre jusqu'où la sélection naturelle peut pousser une espèce pour optimiser son énergie et ses stratégies de survie.
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La Paruline rayée, le recordman de la traversée atlantique
Et puis, il y a la question de ces oiseaux qui osent l’impensable : traverser de grandes étendues d'eau sans pouvoir s'arrêter. Passer l’Atlantique en une seule fois, sans faire de pause sur la mer, est un exploit réservé à de très rares espèces, et la Paruline rayée en fait partie. Ce petit oiseau chanteur, qui ne pèse qu’à peine douze grammes, est célèbre pour sa migration audacieuse. Il s’envole d'Amérique du Nord, notamment de la Nouvelle-Angleterre et du Canada, pour rejoindre l'Amérique du Sud. Au lieu de suivre la côte, une partie de sa population se lance directement au-dessus de l'océan.
En mobilisant des réserves de graisse incroyables, il réalise ce vol transatlantique direct qui peut durer deux à trois jours sans interruption. Cette stratégie de vol direct au-dessus de l'eau est non seulement un record pour un oiseau de sa catégorie, mais elle est aussi une preuve de l’efficacité et de la puissance que peut générer un si petit corps, poussé par la nécessité de survivre et la force de l’instinct migratoire.
La Marouette, ce fragile indicateur des zones humides
S’il est un oiseau qui incarne de façon poignante la vulnérabilité des migrateurs face à la pression humaine, c'est bien la marouette. Sur le territoire français, où les zones humides se raréfient et où l’urbanisation continue de grignoter les espaces vitaux, cet oiseau d’eau discret fait figure de symbole d’alerte. On le trouve principalement dans les marais et les roselières, des écosystèmes essentiels, mais qui sont aujourd’hui au bord de la rupture.
Chaque automne, cet incroyable voyageur s’élance pourtant vers des horizons plus cléments, souvent l’Afrique, pour y passer la mauvaise saison. À son retour, il doit faire face à une réalité désolante : la destruction de ses habitats de reproduction. La Marouette ponctuée, notamment, est classée « En danger » en France, et ce n’est pas un hasard. Elle lutte avec acharnement contre la disparition des étangs et des roseaux, lesquels fondent sous la pression de l’agriculture intensive, des aménagements et, de plus en plus, des sécheresses prolongées liées au changement climatique. On parle d’un corps menu, pas plus gros que votre main, qui a cependant la force de parcourir des milliers de kilomètres, pour finalement trouver ses refuges vitaux, asséchés ou dégradés.
L’exemple de la Brenne, ce sanctuaire de marécages en Indre, est d’ailleurs très instructif. Des études, comme celle menée récemment, montrent la présence extrêmement fragile de nos trois espèces de marouettes dans ces lieux, ce qui impose d'améliorer nos connaissances pour mieux les protéger. Ce petit oiseau des marais n’est donc pas juste une victime lointaine ; il est un miroir qui nous rappelle à quel point nos choix quotidiens, de la gestion de l’eau à l’utilisation des pesticides, pèsent lourd sur ces vies ailées. Et la question demeure : jusqu’où irons-nous avant de nous mobiliser collectivement pour rendre à la nature ce qu’elle nous offre si généreusement ?
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Tisser un lien vital entre le ciel et le sol
Toutes ces histoires d’oiseaux, qu'elles racontent le péril imminent d'une espèce comme la marouette ou l'exploit athlétique d'une championne comme la Sterne arctique, convergent vers un appel commun, clair et pressant. C’est le message fondamental que souhaite nous adresser la Journée mondiale des oiseaux migrateurs. L’initiative de cette année, placée sous la bannée « Espaces partagés : créer des villes et des communautés respectueuses des oiseaux », est particulièrement ciblée, car elle met l'accent sur nos responsabilités urbaines et locales, là où se jouent la survie ou la disparition de beaucoup d'entre eux.
Célébrée symboliquement à deux reprises, au printemps, le 10 mai, et à l'automne, le 11 octobre, deux moments cruciaux de leur migration, cette campagne mondiale nous presse d'agir concrètement pour transformer nos quartiers en véritables refuges. Il s’agit de gestes simples, mais aux conséquences puissantes. Planter des haies pour offrir des haltes et briser les reflets qui causent tant de collisions avec les vitres, un piège mortel pour nos amis ailés. Il faut aussi réduire cette pollution lumineuse nocturne qui désoriente fatalement les migrateurs voyageant dans l'obscurité. Sans oublier d’intégrer enfin des « corridors verts », ces liens écologiques vitaux, dans nos plans d’aménagement urbain pour qu’ils puissent se déplacer en toute sécurité.
À l’échelle mondiale, 49 % de l’ensemble des espèces d’oiseaux sont en déclin et environ une espèce sur huit est menacée d’extinction. Les populations d’oiseaux migrateurs, en particulier, ne cessent de diminuer. Le récent rapport intitulé State of the Birds 2025, publié par le comité états-unien de l’Initiative sur la conservation des oiseaux de l’Amérique du Nord (ICOAN), met en évidence le déclin alarmant des populations d’oiseaux sur l’ensemble du continent américain.
World Migratory Bird Day
Des organisations d’envergure, comme BirdLife International, poussent pour une planification plus durable, rêvant d’un monde où chaque immeuble, chaque petit parc urbain, deviendrait un maillon essentiel dans un vaste réseau protecteur. Pensez-y un instant : en France, on estime qu’un tiers des oiseaux communs de nos campagnes ont disparu en à peine quinze ans. Face à une telle hémorragie, ces efforts du quotidien, un nichoir bien placé ici, une fenêtre traitée là, ne sont pas anecdotiques ; ils peuvent réellement inverser cette tendance catastrophique.
Ce ne sont, finalement, que de petites attentions que l’on rend à ces êtres fragiles qui nous survolent sans un mot. En les protégeant, en leur offrant une place dans nos vies, on ne sauve pas seulement des espèces ; on restaure en réalité un équilibre fondamental où humains et nature peuvent cohabiter et s'épanouir, sans que la présence de l’un n’étouffe la survie de l’autre. Et si, ce samedi 11 octobre, chacun de nous prenait le temps de lever les yeux un peu plus souvent, pour saluer dignement ces messagers du vent ? Leurs exploits méritent bien plus qu’une simple indifférence.