Journée mondiale de la santé mentale dans les situations d’urgence humanitaire
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Rubrique Tendances & Actus
Chaque année, la Journée mondiale de la santé mentale, célébrée le 10 octobre, nous pousse à réfléchir à l’importance de prendre soin de notre bien-être psychologique. En 2025, elle met l’accent sur un sujet brûlant : la santé mentale dans les situations d’urgence humanitaire. Guerres, catastrophes naturelles, crises sanitaires… ces événements bouleversent des vies et laissent des cicatrices invisibles. Pour terminer le petit tour du BeMac de cette fin de semaine, nous fêtons aussi les Ghislain.

L'urgence qui touche l'âme : quand le choc est invisible
Quand une catastrophe s’abat, les priorités semblent évidentes : distribuer de l’eau, ériger des abris, soigner les blessures visibles. Pourtant, les ravages sur le plan psychologique sont tout aussi profonds, souvent plus insidieux. Selon l’OMS, dans les contextes d’urgence humanitaire, une personne sur cinq risque de développer un trouble mental, comme une anxiété paralysante ou une dépression qui mine la volonté de se relever.
Prenez les conflits en Syrie ou les inondations au Pakistan : ces événements ne détruisent pas seulement des maisons, ils fracturent des familles, instillent la peur et l’incertitude. Les individus se retrouvent piégés dans un tourbillon d’émotions qu’ils peinent à nommer, encore moins à apprivoiser. Ignorer cela, c’est priver ces personnes d’une chance de rebondir. Au contraire, un accompagnement adapté peut transformer la souffrance en résilience, aider à reconstruire non seulement des vies, mais des communautés entières. C’est là que la campagne de cette année insiste : il n’y a pas de santé sans bien-être mental, surtout quand tout bascule.
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Pourquoi ça compte, même loin des crises
On pourrait croire que ces tourments sont réservés aux zones de conflit ou aux régions ravagées par les éléments. Détrompez-vous : les ondes de choc des urgences humanitaires se propagent bien au-delà des frontières immédiates. L’OMS le rappelle avec force : plus de 123 millions de personnes étaient déplacées de force fin 2024. Ces chiffres ne sont pas abstraits ; ils touchent des familles entières, des enfants qui grandissent dans l’ombre de la peur.
Et même chez nous, dans des pays stables, les leçons de ces crises résonnent. Une épidémie comme le Covid-19 nous a tous montré comment l’isolement et l’angoisse peuvent miner la santé mentale. Apprendre à détecter les signaux d’alarme, un retrait soudain, des nuits sans sommeil, ou à offrir un soutien simple, c’est une compétence universelle. Ça nous prépare à affronter nos propres tempêtes personnelles. En somme, ce qui se joue là-bas nous concerne tous, parce que la fragilité humaine n’a pas de passeport.
Les premiers secours psychologiques : agir sans être expert
Pas besoin d’être expert pour agir face à la détresse psychologique en temps de crise. L’OMS promeut les premiers secours psychologiques (PSP), une approche accessible qui repose sur l’écoute bienveillante et l’orientation vers des aides professionnelles. Imaginez : dans un camp de réfugiés, un volontaire formé pose les bonnes questions, crée un espace sûr pour exprimer la peine, et guide vers un psychologue si les symptômes s’aggravent.
Ces gestes, gratuits et immédiats, sauvent des vies en prévenant l’escalade vers des troubles plus graves. Et ce n’est pas réservé aux terrains d’humanitaire. Dans nos écoles ou nos entreprises, on pourrait multiplier ces initiatives : une formation rapide, un atelier sur la gestion du stress. La campagne 2025 de l’OMS appelle précisément à cela : démocratiser ces outils pour qu’ils deviennent la norme. Au final, c’est dans la simplicité que réside la force : une conversation peut allumer une étincelle d’espoir.
Le rôle essentiel des communautés dans la guérison
Dans le sillage des catastrophes, le plus solide des remparts, c’est souvent le lien humain. Que ce soit dans un village dévasté par une tempête ou un quartier marqué par un conflit, les communautés deviennent notre meilleure protection contre le repli sur soi. L’Organisation mondiale de la Santé met régulièrement en lumière à quel point les actions collectives, comme les cercles de discussion ou les ateliers d’art-thérapie, sont cruciales pour retisser le tissu social.
On l’a vu après le tremblement de terre en Turquie en 2023 : des initiatives locales ont permis aux survivants de se retrouver, de partager leurs histoires et de changer une peine personnelle en une force collective. Évidemment, ça n’efface pas les traumatismes, mais ça aide à les rendre gérables.
Quand on intègre les enfants dans ces démarches, l’effet est encore plus puissant. Le simple fait de jouer, de chanter ou de se sentir utile redonne un sens à des journées qui, autrement, seraient vides. Ces efforts prouvent que la véritable guérison naît souvent du terrain, de l’entraide de tous les jours.
En temps de crise, presque tout le monde éprouve de la détresse et des bouleversements sociaux. Des foyers sont perdus, des familles sont séparées et des communautés sont fracturées. Si une personne sur cinq souffre de troubles mentaux, presque toutes les personnes touchées ressentent une détresse émotionnelle et des liens communautaires rompus. Ces conséquences persistent souvent longtemps après le rétablissement de la sécurité physique, compromettant le rétablissement et la résilience. Les personnes souffrant de troubles mentaux importants ne doivent pas être laissées sans soins ni soutien. La continuité des soins est une priorité pendant et après toute situation d’urgence.
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Héros discrets : l'épuisement des soignants en première ligne
Ceux qui se déploient en première ligne, infirmiers, conseillers, coordinateurs d’ONG, affrontent un quotidien impitoyable. Dans les urgences humanitaires, ils jonglent avec des cas de trauma massif, tout en luttant contre l’épuisement personnel. L’OMS alerte sur ce risque : les soignants eux-mêmes, exposés à une violence psychologique constante, voient leurs propres barrières s’effriter. Écouter des histoires de perte infiniment, sous la pluie battante d’un camp improvisé, ça use.
Pourtant, sans eux, les filets de sécurité s’effilochent. D’où l’importance de programmes de supervision, de rotations obligatoires ou de thérapies adaptées pour ces héros discrets. Soutenir ces professionnels, c’est multiplier leur impact, assurer que l’aide arrive intacte jusqu’aux plus vulnérables. Des initiatives comme le mhGAP de l’OMS, un guide pratique pour les non-spécialistes, équipent déjà des milliers de travailleurs à détecter et traiter les troubles mentaux avec efficacité. Mais il faut plus : des financements dédiés, une reconnaissance internationale. Soutenir ces professionnels, c’est multiplier leur impact, assurer que l’aide arrive intacte jusqu’aux plus vulnérables.
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Un appel à l’action et un regard vers l'avenir
L’OMS lance un appel clair dans sa campagne 2025 : agissons, à notre niveau. Pour les gouvernements, cela signifie intégrer la santé mentale dans chaque plan d’urgence et allouer des budgets spécifiques, un domaine souvent largement sous-financé en aide humanitaire. Les écoles et les employeurs peuvent former leurs équipes aux bases du soutien psychologique.
Et nous, citoyens ? On commence par s’informer, via les outils gratuits de l’OMS, puis on passe à l’acte : un don à une association, un partage d’histoires sur les réseaux, ou simplement une oreille attentive à un proche. Personne n’est obligé de tout porter seul ; c’est en réseau qu’on avance. Des solutions numériques innovantes (télé-thérapie adaptée aux zones à faible connectivité) ouvrent des perspectives fascinantes, mais au-delà des outils, c’est notre volonté commune qui fera la différence.
En parlant ouvertement, en formant, en finançant, on bâtit un monde plus résilient. Pas parfait, certes, mais plus juste, où personne n’affronte l’invisible sans appui. Et vous, quel sera votre geste, aujourd’hui ou demain ?
(Temps de lecture : 6 minutes | L’illustration de notre article provient de JeanetteAtherton sur le site Internet Pixabay. Si l’image vous intéresse, vous pouvez faire un don sur le site avant de la télécharger)