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Mondial Relay et ses casiers : les petits commerces laissés sur le carreau ?

Publié le et mis à jour le
 
Vous l’avez peut-être remarqué : les casiers automatiques pour récupérer vos colis poussent comme des champignons dans les parkings ou devant les supermarchés. Mondial Relay, un des gros noms de la livraison en France, accélère leur installation tout en fermant des milliers de points relais dans les petits commerces. Mais qu’est-ce que ça change vraiment pour les épiceries, les fleuristes ou les tabacs qui jouaient ce rôle ? Et pour nous, consommateurs, c’est une bonne ou une mauvaise nouvelle l’installation de ces « lockers » ?
Des colis site e-commerce sur une table (Crédit : TungArt7)
Des colis site e-commerce sur une table (Crédit : TungArt7)

Une vague de casiers qui change la donne


Imaginez : vous passez devant votre supérette préférée, celle où vous récupériez vos colis en discutant deux minutes avec le patron, et là, surprise, un casier métallique flambant neuf trône à côté. C’est un peu le décor que Mondial Relay est en train d’installer un peu partout. L’entreprise, qui gère des millions de colis chaque année, a décidé de booster son réseau de casiers automatiques, ces fameuses boîtes accessibles à toute heure. Ils en ont déjà 7 000 en France, et ce n’est pas fini. Mais pour faire de la place à cette nouveauté, elle coupe les ponts avec 2 000 à 3 500 commerçants partenaires sur les 11 000 qui jouaient le jeu jusque-là. C’est un sacré changement, non ? Parce que ces boutiques, ce n’était pas juste des points de dépôt. C’était des visages familiers, des petits échanges, et surtout, un moyen pour elles de rester dans le coup.

Cette transition, elle a un côté pratique, il ne faut pas se mentir. Les casiers, c’est ouvert 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Si vous bossez tard ou que vous avez un emploi du temps chargé, c’est le rêve pour récupérer un paquet sans stress. Mais derrière cette commodité, il y a un revers. Les commerçants, eux, se retrouvent avec un vide à combler, et pas seulement dans leur tiroir-caisse. C’est comme si on leur disait : « Merci pour le coup de main, mais maintenant, on passe à autre chose. »

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Les commerçants face à un coup dur


Prenons un instant pour penser à ces boutiques de quartier. Une épicerie à Commercy, un fleuriste dans le Puy-de-Dôme, un bureau de tabac en banlieue… Pour eux, être point relais, ce n’était pas la fortune, d’accord. On parle de 30 centimes par colis, même pas de quoi se payer un café. Mais ce petit plus, il comptait. Et surtout, les clients qui venaient chercher leurs commandes, ils entraient dans le magasin. Parfois, ils achetaient un truc en passant : un paquet de chips, une revue, une bricole. Ça faisait vivre l’endroit, ça donnait une raison d’ouvrir le rideau le matin. Alors, quand Mondial Relay envoie une lettre recommandée pour dire « c’est fini », ça fait mal.

Le pire, c’est peut-être la manière dont ça se passe. Pas de discussion, pas de délai pour s’organiser. Juste un courrier, et débrouillez-vous. Certains patrons de boutiques se demandent s’ils ont servi de tremplin à l’entreprise, qui, une fois bien installée, les met de côté pour des machines plus rentables. Parce que oui, un casier, ça ne demande pas de salaire, pas de commission, et ça ne râle pas si le livreur est en retard. Mais pour ces magasins, souvent déjà en galère face aux grandes surfaces ou aux sites en ligne, perdre ce rôle, c’est un peu comme perdre un bout de leur âme.

Les clients, entre confort et nostalgie


Et nous, dans tout ça ? En tant qu’utilisateur, on pourrait se dire que c’est tout bénéfice. Un casier, c’est rapide, discret, et on n’a pas à faire la causette si on n’est pas d’humeur. Sauf que tout le monde n’est pas du même avis. À Châteauroux, par exemple, des gens ont râlé l’an dernier parce que des casiers se faisaient vandaliser ou que les colis, parfois, restaient coincés. Et puis, il y a ceux qui regrettent le contact humain. Maintenant, on parle à un écran.

Il y a aussi des questions pratiques. Les casiers, ce n’est pas toujours la solution miracle. Si votre colis est trop gros, bonne chance. Si vous avez du mal à marcher ou à taper un code sur un clavier, ce n’est pas l’idéal non plus. Et pour les villages un peu paumés, où il n’y a pas encore de casier, ça veut dire faire des kilomètres jusqu’au prochain point relais… qui risque de fermer aussi. Bref, ce qui semble être un progrès pour certains peut vite devenir une galère pour d’autres.

Mondial Relais : Un discours trop beau pour être vrai ?


Sur son site, Mondial Relay vante les mérites de ses casiers automatiques en disant aux commerçants : « Boostez votre trafic, augmentez la satisfaction de vos clients, et convertissez-en de nouveaux ! » Ils avancent même des chiffres : 15 % de clients en plus dans les boutiques qui installent un locker, et 44 % des gens qui viennent chercher ou déposer un colis finiraient par acheter quelque chose.

Franchement, ça sonne bien, non ? Sauf que, quand on gratte un peu, ça laisse perplexe. Bien sûr, un casier devant un magasin, ça peut attirer du monde, surtout si c’est bien placé, genre près d’un parking ou d’une rue passante. Mais 44 % qui sortent la carte bleue à chaque passage ? Cela semble énorme. Alors, oui, les casiers peuvent ramener des clients, mais de là à transformer chaque visite en jackpot, il ne faut peut-être pas trop y compter.

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D’autres réseaux à la rescousse ?


Heureusement, tout n’est pas perdu pour les commerçants qui se retrouvent sur la touche. D’autres entreprises de livraison, elles, continuent de parier sur les boutiques de quartier. Prenez PickUp, une filiale de La Poste. Avec 18 000 points relais, ils sont partout : dans les supérettes, les menuiseries, même les salons de coiffure. À Blanzat, un menuisier raconte que les clients affluent depuis qu’il est partenaire : « Y en a qui découvrent mon atelier juste pour un colis, et après, ils reviennent pour une étagère. » Ça, c’est du concret. PickUp transporte des paquets pour plusieurs marques, pas seulement La Poste, ce qui garantit un bon roulement.

Relais Colis, aussi, fait de la résistance avec ses 6 500 boutiques partenaires. Eux, ils bossent beaucoup avec des sites comme Cdiscount, et cela ramène du monde dans les magasins. Même DPD ou Chronopost jouent le jeu, avec des réseaux qui misent sur les commerçants pour garder une touche humaine. Mais attention, ce n’est pas si simple de changer de camp. Intégrer un nouveau réseau, ça peut demander du temps, des ajustements, et parfois, les emplacements sont déjà pris.

Un choix qui pose question


Au fond, ce que fait Mondial Relay, c’est un pari. Ils se disent que les casiers, c’est l’avenir, que les gens veulent du rapide, du pratique, du pas compliqué. Et ils n’ont pas tort : la concurrence, comme Amazon ou InPost, pousse dans le même sens avec des milliers de lockers. Mais est-ce qu’on ne perd pas quelque chose en chemin ? Les petits commerces, ce n’est pas seulement des endroits où on achète des trucs. C’est des lieux où on se croise, où on papote, où on fait vivre un quartier. Si on les met de côté pour des boîtes en fer, est-ce qu’on ne risque pas de voir nos centres-villes devenir encore plus vides ?

Ce n’est pas juste une question d’argent, même si c’est important. C’est aussi une histoire de lien, de chaleur, de ce qui fait qu’une ville ou un village reste vivant. Mondial Relay, en choisissant l’automatisation, répond à un besoin, c’est sûr. Mais à force de tout simplifier, on pourrait bien se retrouver avec des rues où il n’y a plus que des casiers et des rideaux baissés. Et là, franchement, on se demandera si ça valait le coup.

( L’illustration de notre article provient de TungArt7 sur le site Internet Pixabay. Si l’image vous intéresse, vous pouvez faire un don sur le site avant de la télécharger. )
 
chabot thierry
chabot thierry
Passionné par les ordinateurs depuis son premier PC-1512, il est l'auteur principal des articles concernant Internet, les OS et les moteurs de recherches. Il répond souvent sur les forums avec le pseudonyme Cthierry pour proposer des solutions.

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