Pauvreté extrême : 690 millions de personnes sous le seuil critique de 2,15 $ par jour

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En ce début de semaine qui reste très compliqué pour de nombreux Français avec des pénuries d’essence partielles ou totales dans de nombreuses stations-service, la tendance du jour sera une nouvelle fois « où trouver de l’essence autour de moi ». Mais c’est surtout la Journée internationale pour l'élimination de la pauvreté, une journée qui vise à mettre en pratique la dignité pour tous et éradiquer la pauvreté dans le monde. En ce qui concerne l’expression du jour, vous pourrez dire à la pause-café qu’il y a de plus en plus de personnes qui deviennent « pauvre comme Job », même en France où les inégalités se creusent un peu plus chaque jour. Pour terminer le petit tour du BeMac de ce lundi, le 291e « Before de la Machine à café » de ce dix-septième jour d’octobre, nous fêtons la Saint Baudoin.
Un bidonville à Manille aux Philippines (Crédit Bindue)
Un bidonville à Manille aux Philippines (Crédit Bindue)

Un engagement né sur le parvis des droits de l’homme


L’histoire de la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté prend racine dans un acte de mémoire et de résistance particulièrement symbolique. Il faut remonter au 17 octobre 1987, lorsque plus de cent mille personnes se sont rassemblées sur le Parvis des Libertés et des Droits de l’Homme, au Trocadéro à Paris. Ce lieu, choisi avec soin, est celui-là même où fut signée en 1948 la Déclaration universelle des droits de l’homme. Ce jour-là, l’objectif était d’honorer solennellement les victimes de l’extrême pauvreté, de la violence et de la faim, en lançant une proclamation sans ambiguïté : la misère est une violation fondamentale des droits humains.

Cette conviction, qu’il est impératif de s’unir pour garantir le respect de ces droits, fut gravée dans le marbre d’une pierre commémorative dévoilée à cette occasion. Depuis cette date fondatrice, des citoyennes et citoyens de toutes origines sociales, croyances et horizons se retrouvent chaque année. Ce rassemblement universel est un moyen de renouveler cet engagement initial et de témoigner d’une solidarité concrète envers les plus démunis. L’héritage de cette journée dépasse les frontières : des répliques de cette pierre commémorative, servant de point de ralliement et de célébration, ont été installées partout dans le monde. L’une des plus importantes se trouve d’ailleurs dans le jardin du siège des Nations Unies, à New York, où elle accueille la commémoration annuelle organisée par le Secrétariat. C’est la preuve que cet appel à l’unité contre la précarité a su s’institutionnaliser sans jamais perdre son élan moral.

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La pauvreté, un système à déconstruire ce vendredi 17 octobre


Ce 17 octobre marque donc la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté, une date cruciale qui dépasse la simple commémoration. Cette année, le thème sonne comme un appel à une refonte systémique : « Mettre fin à la maltraitance sociale et institutionnelle en garantissant le respect et un soutien efficace aux familles ». Tandis que l’agenda 2030 des Nations Unies ambitionne d’éradiquer l’extrême pauvreté, les projections actuelles, nées de modèles complexes, révèlent un fossé alarmant entre les espoirs et la réalité des chiffres. L’analyse des données mondiales nous oblige à considérer la pauvreté non plus comme une simple question de revenus, mais comme un système dynamique d’inégalités, amplifié par les chocs climatiques et les conflits.

Dans sa résolution 72/233, l'Assemblée générale a proclamé la troisième Décennie des Nations Unies pour l'élimination de la pauvreté (2018-2027). Elle a également estimé que le thème de la troisième Décennie, qui sera examiné à ses soixante-treizième sessions, devrait être « Accélérer l'action mondiale pour un monde sans pauvreté », conformément au Programme de développement durable à l'horizon 2030. Le présent rapport se compose essentiellement d'un plan d'action interinstitutions à l'échelle du système des Nations Unies pour l'élimination de la pauvreté, visant à coordonner les efforts du système, ainsi que de recommandations sur les moyens de rendre la troisième Décennie efficace.
Nations Unies

Un constat implacable en données brutes


Il est aujourd’hui fondamental de confronter l’idéal à la réalité des indicateurs. Les économistes, s’appuyant sur des modèles de produit intérieur brut (PIB) par habitant en parité de pouvoir d’achat (PPA), nous rappellent l’ampleur du défi. Prenons l’exemple le plus saisissant en 2025 : le Soudan du Sud, affecté par une violence endémique depuis son indépendance en 2011, est désigné comme le pays le plus pauvre du monde, avec un PIB par habitant en PPA s’établissant à seulement 716 dollars. Ce chiffre abyssal est à mettre en perspective avec les réalités d’autres continents. Pour l’Europe, c’est la Moldavie qui ferme la marche, en 92e position mondiale, mais son PIB par habitant en PPA atteint 19 678 dollars. En d’autres termes, les habitants de cette dernière bénéficient d’un pouvoir d’achat 27 fois supérieur. Ce différentiel vertigineux montre à quel point les mécanismes de développement divergent, creusant des inégalités structurelles qu’il est impératif de comprendre et de modéliser.

2030 : l’échéance manquée pour l’extrême pauvreté ?


L’objectif des Nations Unies d’éliminer l’extrême pauvreté d’ici 2030 est un pilier de son Programme de développement durable, un horizon d’ambition qui s’appuie sur la puissance de la coopération mondiale. Or, les projections démographiques et économiques les plus fines mettent en évidence une trajectoire préoccupante. Le rythme actuel de réduction de la pauvreté est si lent qu’il faudrait plus d’un siècle pour en sortir la moitié du monde. Le plus frappant est que, même avec les progrès technologiques et les aides au développement, près de 7 % de la population mondiale, soit environ 575 millions de personnes, devraient encore vivre dans l’extrême pauvreté à cette date butoir. Un tiers seulement des nations est en voie d’atteindre l’objectif de réduire de moitié le niveau de pauvreté. Cette défaillance systémique impose de revoir non seulement les stratégies, mais aussi la manière dont les institutions et les technologies (de la data science à la logistique) sont mobilisées pour cibler les populations les plus vulnérables.

Au-delà du seuil de 2,15 dollars : une question de dignité


L’approche de la pauvreté ne saurait se limiter à un simple seuil monétaire. Il est vrai que le nombre de personnes vivant avec moins de 2,15 dollars par jour a augmenté pour atteindre les 690 millions. Mais ce que révèlent les analyses plus fines, c’est qu’une réalité de privation concerne près de la moitié de l’humanité, vivant avec moins de 6,85 dollars par jour, ce qui correspond au seuil de pauvreté pour les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure.

Ce chiffre, quasiment stagnant depuis 1990 en raison de la croissance démographique, illustre l’échec à prendre le dessus sur un phénomène qui n’est pas qu’une question de revenus, mais de dignité, de justice et d’appartenance. Les familles les plus pauvres subissent une constellation de discriminations : de l’accès inégal aux soins de santé et à la justice à l’insalubrité du logement, en passant par des carences alimentaires et l’absence de participation politique. L’objectif de la Journée, centré sur l’élimination de la maltraitance sociale et institutionnelle, vise précisément à démanteler ces systèmes invisibles de privation.

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Une dynamique de la vulnérabilité : prévenir les rechutes


Comprendre la pauvreté exige d’en saisir le caractère dynamique. Les modèles socio-économiques montrent que les ménages ne sont pas statiques ; ils entrent et sortent souvent de la pauvreté. Malheureusement, de nombreuses échappatoires sont temporaires, soulignant la nécessité vitale d’empêcher les gens de retomber dans la précarité tout autant que de les en sortir. C’est ici que l’analyse prédictive et les systèmes d’alerte basés sur les données jouent un rôle capital, permettant d’identifier les facteurs de risque.

Deux phénomènes mondiaux majeurs et interdépendants aggravent cette dynamique. Premièrement, la part des personnes en extrême pauvreté vivant dans des environnements fragiles et touchés par des conflits a explosé. Les conflits démantèlent les infrastructures sociales et économiques, rendant l’instabilité omniprésente. Deuxièmement, les chocs climatiques frappent démesurément les plus démunis. C’est un paradoxe cruel et analytiquement limpide : la moitié la plus pauvre du monde contribue de manière infime aux émissions globales, mais elle subit une part disproportionnée des pertes de revenus générées par les aléas météorologiques extrêmes. Mettre fin à la pauvreté exige donc une approche qui intègre la résilience climatique et la paix sociale dans l’équation du développement.

Pourquoi l’action collective est l’ultime solution


Il est désormais temps d’entamer une mobilisation générale face à ce défi planétaire. Le 17 octobre n’est, en effet, pas qu’une simple date sur le calendrier ; il s’agit d’un rappel solennel que la pauvreté, sous toutes ses formes, n’est pas une fatalité inéluctable. L’impératif est de placer les plus démunis au centre de nos préoccupations et de nos stratégies. En construisant des institutions qui non seulement respectent, mais soutiennent efficacement les familles, on peut fondamentalement changer la donne.

Une telle transformation nécessite des efforts concertés à tous les niveaux : des politiques gouvernementales qui protègent les plus vulnérables, des communautés locales qui pratiquent une inclusion active, et, par-dessus tout, une volonté mondiale inébranlable de ne laisser absolument personne derrière. Certes, les défis sont immenses et l’ampleur des chiffres peut parfois décourager. Cependant, chaque pas compte. Chaque famille effectivement soutenue, chaque injustice sociale ou institutionnelle corrigée, constitue une victoire en soi. Alors, en cette journée internationale, nous sommes invités à prendre un moment pour une réflexion profonde, mais surtout à passer à l’action, car la dignité humaine, elle, n’attend pas.

( Temps de lecture : 3 minutes | L’illustration de notre article provient de Bindue sur le site Internet Pixabay. Si l’image vous intéresse, vous pouvez faire un don sur le site avant de la télécharger )
 
chabot thierry
chabot thierry
Passionné par les ordinateurs depuis son premier PC-1512, il est l'auteur principal des articles concernant Internet, les OS et les moteurs de recherches. Il répond souvent sur les forums avec le pseudonyme Cthierry pour proposer des solutions.

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