La Journée mondiale de la Photographie : un voyage à travers l’objectif

Pourquoi le 19 août célèbre-t-il la photographie ?

Tout commence en 1839, dans une France en pleine effervescence scientifique. Ce jour-là, le 19 août, le gouvernement français annonce officiellement l’invention du daguerréotype, un procédé révolutionnaire mis au point par Louis Daguerre et Joseph-Nicéphore Niépce. Cette technique permet de fixer une image sur une plaque de cuivre recouverte d’argent, un exploit qui marque les débuts de la photographie moderne. « C’est un cadeau gratuit au monde », proclame alors le gouvernement, qui achète le brevet pour le rendre accessible à tous.

Mais, soyons honnêtes, l’histoire est un peu plus compliquée. Niépce, souvent éclipsé par Daguerre, avait déjà capturé la première image permanente en 1826 avec son procédé d’héliographie. Une vue de sa fenêtre, floue et imparfaite, mais un premier pas immense. Le choix du 19 août, c’est donc un hommage à cette annonce officielle, un moment où l’humanité a compris qu’elle pouvait capturer la lumière pour toujours. Depuis 2009, grâce à l’initiative d’un jeune photographe australien, Korske Ara, cette date réunit les passionnés du monde entier. Ils partagent leurs clichés, célèbrent la créativité et rappellent que la photographie, c’est bien plus qu’un simple clic.

Le meilleur photographe au monde : un numéro un, vraiment ?

Parler du « meilleur » photographe au monde, c’est un peu comme choisir le meilleur vin ou la meilleure chanson : ça dépend des goûts, des époques et des critères. Pourtant, certains noms reviennent souvent quand on évoque les géants de la photographie. Si on devait en choisir un aujourd’hui, Steve McCurry semble faire l’unanimité auprès de nombreux amateurs et professionnels. Cet Américain, né en 1950, a marqué les esprits avec son portrait de la « Jeune Fille afghane », publié en 1985 sur la couverture de National Geographic. Les yeux verts perçants de Sharbat Gula, une réfugiée de 12 ans, ont captivé le monde entier.

McCurry, avec son style humaniste, a couvert des conflits, des cultures et des visages aux quatre coins du globe, de l’Afghanistan à l’Inde. Ce qui le distingue ? Sa capacité à saisir l’âme d’un moment, à transformer une simple image en une histoire universelle. Mais, il faut le dire, il n’est pas sans concurrence. Des figures comme Annie Leibovitz, avec ses portraits de stars, ou Sebastião Salgado, avec ses images en noir et blanc d’une puissance brute, pourraient aussi prétendre à ce titre. Disons simplement que McCurry, par son impact et sa longévité, est un sérieux candidat.

Robert Doisneau : La star française de l’objectif

En France, un nom résonne plus fort que les autres quand on parle de photographie : Robert Doisneau. Né en 1912 à Gentilly, cet artiste a su capturer l’âme de Paris avec une tendresse et un humour inégalés. Son cliché le plus célèbre, « Le Baiser de l’Hôtel de Ville », pris en 1950, montre un couple s’embrassant au milieu de la foule parisienne. Cette image, devenue un symbole du romantisme à la française, a fait le tour du monde. Doisneau, c’était le maître de l’instant volé, celui qui transformait une scène banale en un petit théâtre de la vie. Il parcourait les rues, son appareil Leica à la main, à la recherche de moments simples : des enfants jouant, des passants pressés, des amoureux. « Toute ma vie, je me suis amusé, je me suis fabriqué mon petit théâtre », disait-il. Mais il ne faut pas oublier d’autres grands noms français, comme Henri Cartier-Bresson, le pionnier de « l’instant décisif », ou Yann Arthus-Bertrand, connu pour ses vues aériennes époustouflantes. Doisneau, lui, reste dans les cœurs pour sa capacité à rendre l’ordinaire poétique.

L’image qui a marqué le monde

S’il fallait désigner une seule photographie comme la plus célèbre au monde, le choix serait cruel, mais un cliché se détache souvent : « Raising the Flag on Iwo Jima », pris par Joe Rosenthal en 1945. Cette image montre six soldats américains hissant le drapeau étoilé sur une île japonaise, en pleine Seconde Guerre mondiale. Capturée le 23 février 1945, elle symbolise le triomphe, le sacrifice et l’espoir dans un moment de conflit brutal. Publiée dans les journaux du monde entier, elle a galvanisé l’effort de guerre américain et reste gravée dans la mémoire collective.

Mais d’autres images pourraient rivaliser. Le portrait de la « Jeune Fille afghane » de McCurry, avec son regard saisissant, ou encore « Le Baiser de Times Square » d’Alfred Eisenstaedt, pris le jour de la capitulation japonaise, ont aussi marqué les esprits. Ce qui rend l’image d’Iwo Jima unique, c’est sa capacité à transcender son contexte historique pour devenir un symbole universel de victoire et d’unité. Elle n’est pas seulement une photo, c’est un moment figé qui parle à tous.

Un art qui continue de nous parler

La Journée mondiale de la Photographie, c’est l’occasion de se rappeler que cet art, né d’une prouesse technique il y a presque deux siècles, reste vivant et accessible. Des premières plaques de Daguerre aux filtres Instagram, la photographie a évolué, mais son essence reste la même : capturer un instant, une émotion, une vérité. Qu’on admire les œuvres des grands comme Doisneau ou McCurry, ou qu’on prenne soi-même un cliché avec son smartphone, cette journée nous invite à regarder le monde autrement.

Alors, le 19 août, pourquoi ne pas sortir son appareil, observer autour de soi et tenter de saisir un peu de cette magie ? Après tout, comme le disait Doisneau, la photographie, c’est une façon de « pêcher » des moments qui, sans elle, s’évanouiraient à jamais.

( Temps de lecture : 8 minutes | L’illustration de notre article provient de Juergen-Polle sur le site Internet Pixabay. Si l’image vous intéresse, vous pouvez faire un don sur le site avant de la télécharger )