Conduire sans permis sera désormais légal en France dès le 1er septembre 2025 ? Info ou intox ?

Publié le mardi 22 juillet 2025 10h40
Une rumeur circule ces derniers jours sur le web et plus particulièrement sur TikTok : à partir du 1er septembre 2025, il serait possible de conduire sans permis en France, grâce à un projet porté par le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau. Cette mesure, présentée comme un « permis probatoire temporaire », promettrait de désengorger les auto-écoles et d’offrir aux jeunes une expérience de conduite plus rapide. Mais qu’en est-il vraiment ? Entre annonces alléchantes et fausses informations, décryptage d’une idée qui fait débat.
Permis de conduire format carte de crédit (Crédit : capture France-identité.gouv.fr)

Une rumeur qui fait le buzz sur les réseaux


Depuis quelques mois, des vidéos virales sur TikTok et autres plateformes affirment qu’une révolution est en marche dans le monde du permis de conduire. Selon certaines publications, dès le 1er septembre 2025, les apprenants pourraient prendre le volant sans avoir décroché le précieux sésame rose (maintenant au format carte de crédit), et surtout sans moniteur ni accompagnateur à leurs côtés. L’idée, attribuée à Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, aurait de quoi séduire : permettre aux jeunes de gagner en expérience tout en allégeant la pression sur les auto-écoles. Mais quand on creuse un peu, ça sent l’intox à plein nez. Aucune trace d’un tel projet n’apparaît dans les textes officiels, comme le Journal officiel, ni dans les déclarations récentes du ministre. En réalité, cette rumeur semble s’appuyer sur des propos plus anciens, déformés au fil des partages sur les réseaux sociaux.

Publicité

Un écho à une vieille proposition de Gérald Darmanin


Pour comprendre d’où vient cette histoire, il faut remonter à juillet 2022. À l’époque, Gérald Darmanin, alors ministre de l’Intérieur, avait évoqué dans une interview au journal Le Progrès une réflexion autour d’un « permis probatoire » inspiré du modèle belge. L’idée ? Autoriser les apprenants à conduire seuls, sous certaines conditions, avant de passer l’examen final. Il parlait d’une conduite limitée, par exemple en semaine et en journée, pour ceux ayant prouvé un niveau de maîtrise suffisant. Le but était clair : réduire les délais d’attente pour l’examen pratique, qui s’étaient allongés à cause des retards liés à la crise du Covid-19. Sauf que, depuis, ce projet n’a jamais vu le jour. En février 2023, des articles, comme celui de L’Argus, suggéraient que la mesure était « sur les rails », mais sans confirmation concrète. Les discussions semblaient au point mort, et aucune loi n’a été votée pour officialiser une telle réforme.

Grâce à France Identité, vous pouvez désormais disposer de votre permis de conduire numérique directement dans votre application au côté de votre carte d’identité. Tous les types de permis (rose trois volets ou format carte bancaire) sont compatibles. Aujourd’hui, le permis de conduire numérique peut être utilisé lors d’un contrôle routier avec les forces de sécurité intérieure.
France-identité.gouv.fr

Un permis probatoire, oui, mais pas comme on l’imagine


Alors, ce permis probatoire, c’était quoi au juste ? Dans l’idée initiale, il ne s’agissait pas de laisser n’importe qui conduire sans formation. Les conditions étaient strictes : un minimum de 30 heures de conduite en auto-école, un « test de connaissances des risques » et une attestation délivrée par l’État, valable probablement six mois et peut-être reconductible une fois. Ce document aurait un capital de trois points, avec un suivi des infractions par les forces de l’ordre. Mais attention, on est loin d’un feu vert pour rouler librement sans permis. Les apprenants auraient été limités à des horaires précis, principalement en journée, avec des exceptions pour ceux travaillant de nuit ou le week-end. Surtout, cette mesure visait les candidats ayant un contrat de travail, pour répondre à des besoins professionnels. Mais depuis ces annonces, rien n’a bougé. Les inspecteurs du permis, en grève en octobre 2022, avaient même dénoncé ce projet, pointant des risques pour la sécurité routière et un manque d’effectifs pour encadrer une telle réforme.

Le modèle belge, un faux jumeau


D’ailleurs, on entend souvent que ce projet s’inspire de la Belgique, mais là encore, il y a un malentendu. En Belgique, un permis provisoire existe bien, mais il est loin d’être un passe-droit pour conduire sans encadrement. Les apprenants doivent d’abord réussir l’examen théorique du code de la route. Ensuite, selon leur âge, ils peuvent conduire seuls ou avec un accompagnateur, mais avec des restrictions strictes : pas de conduite la nuit les week-ends, ni lors des jours fériés, et interdiction de sortir du pays. Ce système, bien rodé, n’a rien à voir avec une autorisation générale de conduire sans permis. En France, les obstacles à une telle mesure sont nombreux, notamment en termes de sécurité routière. Les jeunes de 18 à 24 ans sont déjà les plus touchés par les accidents mortels, selon les statistiques de la Sécurité routière. Ajouter des conducteurs inexpérimentés sur les routes, même avec des conditions, pourrait aggraver les risques.

Publicité

Pourquoi cette rumeur du permis « probatoire » persiste ?


C’est le genre d’histoire qui fait rêver : conduire sans attendre l’examen, éviter les longues files d’attente et les coûts élevés des auto-écoles. En 2023, plus de 1,3 million de candidats se sont inscrits pour passer le permis, et les délais, parfois de six mois, peuvent être frustrants. Mais la réalité est moins glamour. Les auto-écoles, déjà sous pression, et les inspecteurs, en sous-effectif, ne sont pas prêts à encadrer un tel système. Sans parler des compagnies d’assurance, qui auraient du mal à couvrir des conducteurs sans permis définitif. Cette rumeur, alimentée par des vidéos virales, surfe sur les espoirs des jeunes et les failles du système actuel, mais elle s’effondre face à l’absence de preuves concrètes.

Attention aux conséquences si vous conduisez sans permis


Et si l’envie vous prend de passer outre, sachez que se faire prendre au volant sans permis peut coûter cher, très cher. En France, conduire sans ce document obligatoire est passible d’une amende forfaitaire de 800 €, pouvant grimper jusqu’à 1 500 € en cas de récidive, voire 3 750 € si l’affaire passe au tribunal, selon le Code de la route. Mais le vrai gouffre financier arrive en cas d’accident. Sans permis valide, les assurances refusent systématiquement de couvrir les dégâts, qu’il s’agisse de votre véhicule, de celui d’un tiers ou des frais médicaux. Vous pourriez alors devoir payer de votre poche des dizaines, voire des centaines de milliers d’euros en réparations ou indemnisations, sans parler des éventuelles poursuites judiciaires. Un risque qui fait réfléchir à deux fois avant de rouler sans le précieux sésame.

Verdict : une intox qui a la peau dure


En résumé, l’idée de conduire légalement sans permis à partir du 1er septembre 2025 est une intox. Aucun texte de loi, aucune annonce officielle de Bruno Retailleau ni du gouvernement ne va dans ce sens. Ce qu’on prend pour une nouveauté est en fait une vieille proposition de Gérald Darmanin, jamais concrétisée, déformée par les réseaux sociaux. Si vous voyez passer une vidéo promettant cette révolution, méfiez-vous : c’est du vent. Pour l’instant, le permis reste indispensable, et les jeunes conducteurs doivent continuer à passer par la case auto-école, code et examen pratique. Restez vigilants, et vérifiez toujours vos sources avant de croire au prochain buzz !
 
chabot thierry
Passionné par les ordinateurs depuis son premier PC-1512, il est l'auteur principal des articles concernant Internet, les OS et les moteurs de recherches. Il répond souvent sur les forums avec le pseudonyme Cthierry pour proposer des solutions.

FacebookTwitterLinkedin
Vous avez aimé cet article ? Partagez-le !