Journée mondiale du coton : le tissu de nos vies

Publié le samedi 07 octobre 2023 08h37
Ce mardi 7 octobre, c’est la Journée mondiale du coton dont le thème retenu cette année est : « le tissu de nos vies ». Elle met en lumière une fibre qui habille le monde tout en posant des défis environnementaux et sociaux majeurs. Derrière nos vêtements, draps ou serviettes, se cache une industrie complexe, portée par des millions de producteurs, souvent dans des régions défavorisées. Mais si cette matière est précieuse, elle a un coût : une consommation d’eau colossale et des impacts écologiques parfois dramatiques. Alors, comment concilier notre amour pour cette fibre douce et les impératifs de durabilité ? Plongeons dans l’univers du coton, de ses champs assoiffés à ses usages surprenants. Pour terminer le petit tour du BeMac de ce second jour de la semaine, nous fêtons aussi les Serge.
Un champs de coton (Crédit : Jdblack/Pixabay)

Le coton : une fibre au cœur de nos vies


Le 7 octobre, on célèbre la Journée mondiale du coton, un événement qui braque les projecteurs sur une matière qu’on retrouve partout : dans nos t-shirts, nos draps, nos serviettes. Cette fibre, douce et respirante, est un pilier de l’industrie textile, représentant près de 37 % des fibres utilisées pour nos vêtements. Mais au-delà du confort qu’elle procure, elle raconte une histoire bien plus vaste, celle d’une chaîne reliant des agriculteurs des pays en développement aux usines de confection et, finalement, à nos placards. Selon l’Organisation mondiale du commerce, l’objectif de cette journée est clair : « faire du coton un secteur juste et durable pour tous, de la ferme à la mode ». Une ambition qui, vous le verrez, n’est pas si simple à concrétiser.

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Le tissu de nos vies : une célébration engagée


Cette année, la Journée mondiale du coton, se place sous le thème « le tissu de nos vies ». Une formule qui dit tout : cette fibre tisse bien plus que nos vêtements, elle entrelace les histoires des agriculteurs du Bénin ou du Mali, les défis environnementaux comme la disparition de la mer d’Aral, et les innovations pour un avenir plus durable. Ce thème, choisi pour 2025, nous rappelle que chaque t-shirt, chaque drap, porte en lui les efforts de millions de personnes et un impact sur la planète. C’est une invitation à repenser notre lien à cette matière, à la fois si quotidienne et si complexe, pour en faire un levier de justice et de durabilité, de la ferme à nos armoires.

Le coton nous accompagne tous les jours. Il représente une source de moyens de subsistance pour des millions de petits exploitants et d’ouvriers, y compris les femmes et leurs familles, et contribue grandement aux économies de nombreux pays en développement. La Journée mondiale du coton est une excellente occasion de renouveler notre engagement à renforcer la durabilité du secteur cotonnier en le situant au premier plan de l'agenda mondial.
FAO

Un appétit d’eau qui inquiète


Mais produire cette matière si courante demande des ressources impressionnantes. Il faut entre 5 000 et 17 000 litres d’eau pour obtenir seulement un kilo de cette fibre. Oui, vous avez bien lu ! Cela en fait le troisième plus gros consommateur d’eau d’irrigation, juste derrière le riz et le blé. Dans les régions où les pluies se font rares, les agriculteurs puisent dans les rivières, les lacs ou les nappes phréatiques pour arroser leurs champs. L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) le souligne : cette soif insatiable peut avoir des conséquences lourdes. Les chiffres parlent d’eux-mêmes, et ils interpellent. Quand on enfile un simple t-shirt, on ne pense pas forcément à toute cette eau engloutie pour le produire. Pourtant, c’est une réalité qui pèse sur la planète.

La mer d’Aral, victime d’une soif dévastatrice


L’exemple le plus frappant de cet impact, c’est la mer d’Aral. Dans les années 60, elle était le quatrième plus grand lac du monde. Aujourd’hui ? Elle a perdu 90 % de sa surface, en grande partie à cause de l’irrigation massive des champs de cette fibre. Les rivières qui l’alimentaient ont été détournées pour arroser les cultures, laissant derrière elles un désert salé où presque plus rien ne vit. L’eau, devenue trop salée, a tué la faune et la flore qui faisaient autrefois la richesse de cet écosystème. C’est une catastrophe écologique qui montre à quel point la production de cette matière, si essentielle à notre quotidien, peut bouleverser des régions entières. On ne peut s’empêcher de se demander : à quel prix portons-nous nos vêtements ?

L’élan des « Cotton Four » pour un coton plus juste


Cette journée mondiale, célébrée depuis 2019, n’est pas née par hasard. Elle est l’initiative des « Cotton Four », un groupe formé par le Bénin, le Burkina Faso, le Mali et le Tchad. Ces pays d’Afrique de l’Ouest, où la culture de cette fibre est un moteur économique, ont voulu alerter sur les défis qu’ils rencontrent : des prix instables, des conditions de travail difficiles, des obstacles pour accéder aux marchés mondiaux. Ils ont poussé pour que cette journée devienne un moment de réflexion globale. Comme le dit l’ONU, c’est « une occasion de promouvoir des politiques commerciales durables » et de permettre aux pays moins avancés de tirer parti de chaque étape de la chaîne de production. Parce que, mine de rien, une tonne de cette matière peut offrir du travail à environ cinq personnes pendant un an, souvent dans des régions où les opportunités manquent cruellement.

Une matière aux mille visages


On pense généralement à cette fibre pour les vêtements, mais elle va bien au-delà. Ses filaments, qui conduisent bien la chaleur, sont même utilisés dans des procédés d’impression 3D. Ils gagnent en résistance avec l’humidité, ce qui les rend plus solides que certains matériaux comme le bois. Et puis, il y a les graines : elles donnent de l’huile comestible, utilisée en cuisine, et servent aussi à nourrir les animaux. Des meubles aux pansements médicaux, en passant par l’isolation des bâtiments ou les cotons-tiges, cette matière est partout. Sa douceur et sa facilité d’entretien en font un choix privilégié pour les draps d’hôpitaux ou les serviettes d’hôtel. Mais ce qu’on oublie parfois, c’est qu’elle inspire aussi les artisans, du patchwork à la broderie. Bref, elle est bien plus qu’une simple fibre textile.

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Vers une production plus responsable


Bien que cette fibre présente de nombreux avantages, elle comporte aussi des défis importants. Au-delà de sa forte consommation d’eau, l’usage intensif de pesticides dans sa culture peut contaminer les sols et les cours d’eau. De plus, les conditions de travail des agriculteurs, notamment dans les pays en développement, sont souvent difficiles. Comment améliorer cette situation ? Des efforts émergent pour encourager une production plus respectueuse de l’environnement et des travailleurs. Le coton biologique, par exemple, limite les produits chimiques et favorise des techniques d’irrigation moins exigeantes. Des labels comme Fairtrade contribuent à garantir de meilleures conditions pour les producteurs.

Cependant, ces solutions restent peu répandues, et la transition vers un modèle pleinement durable demande encore du temps. Comme le souligne l’ONU, l’objectif est de « permettre aux pays en développement de bénéficier davantage de chaque étape de la chaîne de valeur ». Cela nécessite des politiques commerciales équitables, mais aussi une prise de conscience et des choix responsables de la part des consommateurs.

Un appel à réfléchir, un t-shirt à la fois


La Journée mondiale du coton, c’est donc bien plus qu’une simple célébration. C’est un moment pour se poser des questions. Quand on achète un vêtement, on ne pense pas toujours à l’eau, aux terres ou aux mains qui l’ont fait naître. Pourtant, chaque t-shirt, chaque drap, porte en lui une histoire. Celle d’agriculteurs qui luttent pour vivre de leur travail, d’écosystèmes fragiles, mais aussi d’innovations pour faire mieux. Alors, la prochaine fois qu’on enfile un pull ou qu’on s’enroule dans une serviette, on peut se demander : et si on choisissait un peu plus consciemment ? Cette journée nous invite à réfléchir, un fil à la fois, à l’avenir de cette fibre qui habille nos vies.

( Temps de lecture : 6 minutes | L’illustration de notre article provient de Jdblack sur le site Internet Pixabay. Si l’image vous intéresse, vous pouvez faire un don sur le site avant de la télécharger )
 
chabot thierry
Passionné par les ordinateurs depuis son premier PC-1512, il est l'auteur principal des articles concernant Internet, les OS et les moteurs de recherches. Il répond souvent sur les forums avec le pseudonyme Cthierry pour proposer des solutions.

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