ZFE : les députés votent en commission la suppression des zones à faibles émissions
Hier, les députés réunis en commission spéciale à l'Assemblée nationale française ont voté en faveur de la suppression des Zones à faibles émissions (ZFE), dans le cadre de l'examen du projet de loi dit de « simplification » de la vie économique. Ces zones, instaurées progressivement depuis 2019 et renforcées en 2021, visent à limiter la circulation des véhicules les plus polluants dans certaines agglomérations, en s'appuyant sur le système des vignettes Crit’Air, afin d'améliorer la qualité de l'air et de réduire les émissions de particules fines, responsables selon Santé Publique France de 40 000 décès annuels.
Les ZFE pénalisent les ménages modestes
Ce vote, qui s'est tenu par scrutin public (26 voix pour, 11 contre, 9 abstentions), a vu l'adoption d'amendements identiques portés par les groupes Les Républicains (LR) et Rassemblement National (RN), malgré l'opposition du gouvernement. Des voix de groupes macronistes, Horizons, et des indépendants de Liot se sont jointes à cette majorité, tandis que plusieurs députés de gauche se sont abstenus. Les arguments des partisans de la suppression soulignent que les ZFE, bien que visant un objectif environnemental jugé louable, pénalisent les ménages modestes en les obligeant soit à remplacer leurs véhicules par des modèles plus propres, souvent coûteux, soit à renoncer à se déplacer, faute d'alternatives de transport suffisantes. Ian Boucard (LR) a dénoncé une mesure qui « exacerbe les inégalités », tandis que Pierre Meurin (RN) y voit une « blessure sociale » et un « séparatisme territorial ».
Le gouvernement, représenté notamment par le ministre de l’Industrie et de l’Énergie, Marc Ferracci, a défendu les ZFE en citant des expériences internationales montrant leur efficacité dans la réduction des émissions polluantes, plaidant pour des évaluations avant toute suppression. Cependant, des critiques transpartisanes, y compris de la gauche (comme Sandrine Nosbé de LFI, qui s’est abstenue), ont pointé l’absence de développement d’alternatives efficaces à la voiture individuelle, rendant les ZFE socialement injustes.
Les ZFE socialement injustes ?
les ZFE sont souvent critiquées comme socialement injustes, et cet argument revient fréquemment dans le débat. Elles touchent surtout les ménages modestes qui dépendent de véhicules anciens (souvent Crit’Air 3, 4 ou 5), moins chers à l’achat mais exclus des zones réglementées. Remplacer ces voitures par des modèles récents, hybrides ou électriques, représente un coût élevé (parfois 10 000 à 30 000 €), hors de portée pour beaucoup, surtout en période d’inflation. Les aides comme le bonus écologique ou la prime à la conversion (jusqu’à 6 000 € selon revenus) sont jugées insuffisantes face aux prix du marché, et les transports publics, pas toujours développés ou pratiques (notamment en périphérie ou zones rurales), ne compensent pas.
Résultat : les plus précaires se sentent pénalisés, voire exclus de certains centres-villes, tandis que les foyers aisés, pouvant s’équiper de véhicules conformes, s’en sortent sans difficulté. Des études, comme celle de l’Insee sur la mobilité, montrent que les ouvriers et employés utilisent plus souvent des voitures anciennes, accentuant cette fracture sociale. Les opposants, y compris à gauche, dénoncent donc une mesure qui, sous couvert d’écologie, creuse les inégalités sans résoudre le fond du problème : l’accès universel à une mobilité propre.
Quand tu montres la lune du doigt, l'imbécile regarde le doigt.