SFR en vente : quelles conséquences pour les clients ?

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SFR, le géant des télécoms français, est au cœur de toutes les discussions. Son propriétaire, Patrick Drahi, envisagerait de céder sa participation majoritaire, évaluée à 30 milliards d’euros. Alors que l’opérateur traverse une passe difficile, avec une dette colossale et une procédure de sauvegarde accélérée prévue pour juin prochain, les spéculations vont bon train. Bouygues Telecom et Free (Iliad) sont sur les rangs, mais une vente « à la découpe » semble plus probable. Mais dans ce cas, quelles conséquences pour les clients ? Décryptage d’un feuilleton qui pourrait bouleverser le paysage des télécoms en France.
Logo SFR rétroéclairé dans la pénombre (Crédit : Alex.I Grok)
Logo SFR rétroéclairé dans la pénombre (Crédit : Alex.I Grok)

SFR : un empire télécoms sous pression financière


Patrick Drahi, le magnat à la tête d’Altice France, la maison mère de SFR, n’a plus le vent en poupe. L’opérateur, avec ses 19,4 millions d’abonnés mobiles et 6,1 millions dans le fixe, croule sous une dette estimée à 15 milliards d’euros après une restructuration récente. En février 2025, un accord avec les créanciers a permis d’effacer 8,6 milliards d’euros de dettes, mais en échange, ces derniers ont pris 45 % du capital. Résultat : Drahi ne contrôle plus que 55 % de l’entreprise. Cette situation financière tendue, aggravée par des pertes d’abonnés (343 000 mobiles et 87 000 fixes au deuxième trimestre 2024), pousse le milliardaire à envisager une sortie. Mais vendre un mastodonte comme SFR, c’est un peu comme vouloir déplacer une montagne avec une pelle.

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Une vente à 30 milliards d’euros, vraiment ?


L’idée d’une cession à 30 milliards d’euros, dette incluse, fait beaucoup parler ces dernières semaines (voir : Altice : Patrick Drahi prêt à céder SFR, mais à quel prix ?). Bloomberg, qui a révélé les tractations en mai 2025, parle d’un « séisme » dans le secteur. Mais ce chiffre, franchement, semble ambitieux. Certains analystes, cités par La Tribune, estiment que viser 20 à 25 milliards serait déjà optimiste, vu l’endettement et les investissements nécessaires pour redresser la barre. Drahi, lui, joue gros. Il pourrait récupérer jusqu’à 5 milliards d’euros pour sa part, selon La Lettre de l’Expansion, à condition que les enchères s’envolent. Sauf que personne, en France, ne semble capable d’engloutir l’opérateur tout entier, « Aucun acteur ne peut avaler SFR tout rond » résume Les Échos. La solution ? Une vente par morceaux, où chaque acheteur récupérerait un bout du gâteau : abonnés mobiles, clients fixes, fréquences ou réseau fibre.

Bouygues et Free en embuscade


Dans ce grand jeu des chaises musicales des télécoms, deux noms reviennent sans cesse : Bouygues Telecom et Iliad, la maison mère de Free. Le premier, conseillé par la banque Rothschild, veut grossir pour tenir tête à Orange, le leader du marché. Absorber SFR, ou du moins une partie, lui donnerait une taille critique. De son côté, Xavier Niel, patron d’Iliad, voit dans cette opération une chance de renforcer sa position en France et en Europe. Mais les deux rivaux historiques risquent de se tirer dans les pattes, ce qui pourrait faire les affaires de Drahi. Plus ils se disputent, plus le prix grimpe. Orange, quant à lui, lorgnerait surtout du côté des fréquences mobiles et de la clientèle entreprise de SFR. Mais un rachat total par un opérateur français ? Une solution qui reste peu probable, vu les risques de blocage par l’Autorité de la concurrence.

Des acteurs étrangers et un possible démantèlement


Et si la solution venait de l’étranger ? Des groupes comme Emirates Telecommunications Group (E&) ou le saoudien STC, ainsi que des fonds d’investissement, auraient reçu des documents de la part d’Altice, d’après Bloomberg. Ces acteurs pourraient se contenter d’une part minoritaire ou s’associer pour un rachat partiel. Une autre hypothèse, plus radicale, circule : un démantèlement de SFR. Le réseau fibre, par exemple, pourrait être vendu séparément pour accélérer le désendettement. Les 19 millions d’abonnés mobiles et 6 millions de clients fixes pourraient être partagés entre Bouygues et Free, tandis que les infrastructures (comme les data centers) intéresseraient des fonds comme KKR ou Ardian. Reste à savoir si Drahi acceptera de voir son empire morcelé.

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Une procédure de sauvegarde en juin pour apaiser les créanciers


Dès le mois prochain, SFR entrera en procédure de sauvegarde accélérée. Ce dispositif, qui concerne tout Altice France, doit finaliser l’accord avec les créanciers sur la restructuration de la dette. En gros, c’est une façon de mettre tout le monde d’accord sur les termes du contrat, tout en évitant une cessation de paiement. Cette étape, prévue depuis février, n’est pas une surprise, mais elle donne un coup d’accélérateur aux rumeurs de vente. « C’est la dernière ligne droite pour assainir les finances », rapporte une source proche d’Altice. Une fois cette phase terminée, probablement d’ici septembre, Drahi aura les coudées plus franches pour négocier. Mais le calendrier est serré : il vise un accord de principe d’ici la fin de l’année.

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Quelles conséquences pour les clients ?


Pour les 25 millions de clients SFR, pas de panique immédiate. Si un rachat a lieu, l’expérience montre que les forfaits restent souvent inchangés. « Quand Bouygues a racheté La Poste Mobile, les clients n’ont rien vu changer », rappelle Renaud Kayanakis, expert des télécoms au sein du cabinet Sia Partners, dans Le Parisien. Mais à long terme, une consolidation du marché pourrait réduire la concurrence, ce qui inquiète certains. Car, si l’on passe de quatre à trois opérateurs, il y a de fortes chances que les prix grimpent, ou du moins se rééquilibrent à la hausse. L’Autorité de la concurrence et l’Arcep veilleront au grain pour éviter un duopole. En attendant, SFR continue de perdre des abonnés, et la perspective d’un démantèlement fait craindre à certains une baisse de la qualité du service.

Un tournant pour les télécoms français


Cette possible vente de SFR, c’est un peu le feuilleton de l’année 2025 dans les télécoms. Elle pourrait redessiner le secteur, qui souffre depuis l’arrivée de Free Mobile en 2012 et la guerre des prix qui a suivi. Une consolidation à trois opérateurs, longtemps évoquée, semble plus proche que jamais, même si Bruxelles pourrait jouer les trouble-fêtes. Pour Patrick Drahi, c’est une opération à haut risque, mais aussi une chance de sortir la tête de l’eau. Quant aux clients, ils croisent les doigts pour que leurs factures ne s’envolent pas. Une chose est sûre : dans ce poker télécom, tous les regards sont tournés vers SFR.
 
chabot thierry
chabot thierry
Passionné par les ordinateurs depuis son premier PC-1512, il est l'auteur principal des articles concernant Internet, les OS et les moteurs de recherches. Il répond souvent sur les forums avec le pseudonyme Cthierry pour proposer des solutions.

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