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Ponts du 2 et 9 mai : l’école buissonnière, une tradition bien française ?

Publié le et mis à jour le
 
En mai, avec ses jours fériés qui tombent souvent en milieu de semaine, l’envie de prolonger le week-end en famille est forte. Mais qu’en est-il des enfants et de l’école ? Les parents cèdent-ils à la tentation de l’école buissonnière pour profiter des ponts ? Que dit l’Éducation nationale à ce sujet, et quelles sont les règles ? On fait le point sur ce phénomène bien français, entre envie d’évasion et obligation scolaire.
Une plage en Bretagne avant le week-end (Crédit : Ylagarrigue)
Une plage en Bretagne avant le week-end (Crédit : Ylagarrigue)

Les ponts de mai pour les élèves : une tentation bien française


Chaque année, quand mai pointe le bout de son nez, c’est un peu la même histoire. Les jours fériés, comme la Fête du Travail le 1er mai ou la Victoire de 1945 le 8 mai, tombent souvent un jeudi, et ça donne des idées. Qui n’a pas rêvé d’un week-end de quatre jours en posant le vendredi ? Les parents, surtout, se laissent parfois tenter par l’idée de garder les enfants à la maison pour une escapade en famille.

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Cette année, avec trois jours fériés en semaine (le 1er, le 8 et le 29 mai pour l’Ascension), la tentation est d’autant plus grande. On entend souvent des collègues dire : « Bah, un jour d’école en moins, ce n’est pas la fin du monde, si ? » Et pourtant, ce n’est pas si simple. Les chiffres précis sur l’absentéisme en mai sont rares, mais les enseignants remarquent souvent des classes un peu plus vides et clairsemées les vendredis 2 et 9 mai. C’est un phénomène discret, mais bien réel, surtout en maternelle et en primaire, où les parents se disent que rater une journée ne portera pas trop à conséquence.

Le point de vue de l’Éducation nationale sur l’école buissonnière


Pour l’Éducation nationale, pas de surprise : l’école est obligatoire. Selon le Code de l’éducation, les enfants de 3 à 16 ans doivent être en classe, sauf pour des exceptions bien précises. Les ponts de mai, hors celui de l’Ascension, ne font pas partie des cases cochées. Et cette année encore, le calendrier scolaire est clair : les élèves ont cours les vendredis 2 et 9 mai, malgré les jours fériés la veille. Le seul pont officiellement accordé sera celui de l’Ascension, avec le vendredi 30 et le samedi 31 mai sans classe. « Les classes vaqueront le vendredi 30 mai 2025 », confirme le ministère sur son site officiel. Pour le reste, pas de cadeau. L’Éducation nationale insiste : l’assiduité, c’est non négociable, surtout à l’approche des examens pour les collégiens et lycéens. Les professeurs, d’ailleurs, ne sont pas ravis quand les élèves manquent à l’appel.

Les exceptions pour ne pas aller en cours le 2 et 9 mai


Alors, y a-t-il des moyens de contourner la règle sans trop de casse ? Oui, mais ils sont limités. Le Code de l’éducation liste des motifs d’absence jugés légitimes : une maladie (avec certificat médical), un événement familial important comme un mariage ou un enterrement, ou encore un souci de transport imprévu. Il y a aussi une clause un peu floue : les enfants peuvent être absents s’ils suivent leurs parents en déplacement, à condition que ce soit temporaire. Là, certains parents jouent sur les mots, mais attention, ça ne passe pas toujours.

Si vous voulez faire manquer l’école pour une raison qui sort de ces cases, il faut demander une autorisation au directeur de l’école ou au chef d’établissement. « En cas de doute, on transmet au rectorat », précise un directeur d’école primaire. En gros, si votre excuse ne tient pas trop la route, cela peut se compliquer. Et non, « on partait voir mamie » ou « les billets d’avion n’étaient pas chers » ne sont pas des arguments valables.

Les risques, pas si anodins de faire le pont aux enfants


Maintenant, parlons des conséquences, parce que oui, il y en a. En théorie, dès la première absence non justifiée, l’école peut vous contacter pour demander des explications. En pratique, pour un jour ou deux, ça passe souvent sous le radar, surtout si votre enfant n’est pas un habitué des absences. Mais si cela se répète, là, ça peut chauffer. À partir de quatre demi-journées d’absence injustifiée dans le mois, le chef d’établissement peut vous convoquer pour un rappel à l’ordre.

Et si vous persistez, le directeur académique (le DASEN, pour les intimes) peut intervenir. Dans les cas extrêmes, cela va jusqu’à une amende de 750 euros, voire, pour les cas très graves, jusqu’à 30 000 euros et deux ans de prison si l’éducation de l’enfant est vraiment compromise. Dans la réalité, les sanctions lourdes sont rares pour un pont de mai, mais un avertissement ou une petite amende, ça peut vite arriver si vous abusez.

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L’école buissonnière : une pratique bien de chez nous ou mondiale ?


En mai, les ponts comme ceux du 1er ou du 8 mai poussent certains parents français à garder leurs enfants à la maison pour prolonger le week-end, mais qu’en est-il ailleurs ? Dans des pays comme le Royaume-Uni, l’Allemagne ou l’Espagne, l’absentéisme scolaire pour des vacances en période scolaire est un sujet sensible. Au Royaume-Uni, par exemple, les parents risquent des amendes dès cinq jours d’absence injustifiée, avec des pénalités allant jusqu’à 2 500 £ (environ 2 850 €), et les contrôles sont stricts, parfois jusqu’à l’aéroport.

En Allemagne, les règles varient selon les Länder, mais des amendes de 35 € par jour à Brême jusqu’à 2 500 € à Berlin sont possibles pour des absences non autorisées. En Suède, jusqu’à 10 jours d’absence peuvent être accordés pour des voyages ou fêtes religieuses, mais seulement avec l’accord du directeur, et sous condition de bonne performance scolaire. Partout, les autorités insistent sur l’assiduité, mais comme en France, certains parents contournent les règles pour profiter de tarifs de voyage plus bas ou d’événements familiaux, surtout en période de jours fériés.

Ce phénomène n’est donc pas uniquement français, mais les approches diffèrent. En Finlande, les absences pour voyages éducatifs sont parfois encouragées, avec du matériel pédagogique fourni pour compenser, une pratique bien loin des sanctions françaises. Au Japon, l’absentéisme est moins lié aux jours fériés qu’à un phénomène de « refus scolaire » (futoko), traité avec des écoles alternatives plus souples.

Dans l’ensemble, si la tentation de l’école buissonnière existe dans de nombreux pays, les sanctions sont souvent plus dissuasives qu’appliquées, comme en France, sauf en cas d’abus répétés. Les jours fériés, comme ceux de mai en France, restent un moment clé où les familles testent les limites des règles scolaires, mais toujours avec le risque d’un rappel à l’ordre

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Comment s’organiser sans prendre de risques ?


Alors, comment faire pour profiter de mai sans se retrouver dans le collimateur de l’école ? Déjà, pour le 1er mai, bonne nouvelle pour les familles de la zone A (Bordeaux, Lyon, Grenoble, etc.) : les élèves sont en vacances jusqu’au 5 mai, donc pas besoin de se poser la question. Pour les zones B et C, c’est plus compliqué, car les cours ont déjà repris. Une astuce ? Planifiez vos escapades autour du pont de l’Ascension, où tout le monde est libre. Si vous tenez vraiment à poser le 2 ou le 9 mai, essayez de justifier l’absence avec un motif crédible, mais sans inventer des histoires farfelues, car les écoles vérifient parfois.

Une autre solution, c’est de discuter avec l’établissement en amont. Certains collèges ou lycées, surtout privés, décalent les cours des vendredis concernés à un autre jour, comme un mercredi après-midi. Ça reste rare, mais ça vaut le coup de demander. Et puis, soyons honnêtes, si votre enfant est en maternelle, les enseignants sont souvent plus coulants, même si, officiellement, ils ne le diront jamais.

Un équilibre à trouver pour faire le pont


Au final, les ponts de mai, c’est un peu le casse-tête des parents français. D’un côté, l’envie de profiter des beaux jours et de faire une pause en famille. De l’autre, l’obligation scolaire qui ne rigole pas. L’Éducation nationale pose des règles strictes, mais dans la vraie vie, il y a toujours un peu de flou. Quelques jours d’absence par an, ça passe souvent, mais attention à ne pas en faire une habitude. Alors, avant de réserver ce week-end prolongé, pesez le pour et le contre, parlez à l’école si besoin, et gardez en tête que l’Ascension, c’est la valeur sûre cette année pour s’évader durant 4 jours. En attendant, profitez bien de mai, ce mois où, comme le dit le proverbe, on fait ce qui nous plaît… ou presque.

( Temps de lecture : 9 minutes. L’illustration de notre article provient de Ylagarrigue sur le site Internet Pixabay. Si l’image vous intéresse, vous pouvez faire un don sur le site avant de la télécharger. )
 
chabot thierry
chabot thierry
Passionné par les ordinateurs depuis son premier PC-1512, il est l'auteur principal des articles concernant Internet, les OS et les moteurs de recherches. Il répond souvent sur les forums avec le pseudonyme Cthierry pour proposer des solutions.

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