Surtaxes et mensonges : pourquoi Elon Musk déteste Peter Navarro ?

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Elon Musk n’y est pas allé de main morte. Dans deux messages postés mardi sur X, il a qualifié Peter Navarro, figure clé de la politique commerciale de Donald Trump, de « crétin » et de « bête comme ses pieds ». Mais qui est vraiment cet économiste protectionniste, prêt à tout pour défendre ses idées, quitte à inventer un expert fictif nommé Ron Vara ? Entre ses théories anti-chinoises et son rôle dans les guerres tarifaires, retour sur un parcours qui intrigue autant qu’il divise.
Elon Musk VS Peter Navarro (Crédit : Alex.I Grok)
Elon Musk VS Peter Navarro (Crédit : Alex.I Grok)

Quand Musk s’en prend à Navarro après un coup bas sur CNBC


Tout a commencé avec ces quelques mots tapés par Elon Musk sur X, ce mardi 8 avril. Le patron de Tesla et SpaceX, connu pour ne pas avoir sa langue dans sa poche, n’a pas hésité à descendre en flèche Peter Navarro. « Crétin », « bête comme ses pieds » : les termes sont rudes, presque inattendus venant d’un homme qui partage parfois des visions économiques audacieuses avec l’ancien conseiller de Trump. Elon Musk n’a semble-t-il pas digéré les derniers propos de Peter Navarro. Lors d’une intervention sur CNBC, le conseiller de la Maison Blanche, a lâché une petite bombe en déclarant que le patron de Tesla n’était « pas un fabricant de voitures », mais juste « un assembleur ».

« Nous comprenons tous à la Maison Blanche (et le peuple américain aussi) qu’Elon est un constructeur automobile. Mais ce n’est pas un constructeur automobile, c’est un assembleur. Dans de nombreux cas, si vous visitez son usine du Texas, vous constaterez qu’une grande partie des moteurs qu’il reçoit (et dans le cas des véhicules électriques, ce sont les batteries) proviennent du Japon et de Chine. L’électronique vient de Taïwan… Ce que nous voulons – et la différence réside dans notre façon de penser et celle d’Elon sur ce point – c’est que les pneus soient fabriqués à Akron, les transmissions à Indianapolis, les moteurs à Flint et à Saginaw, et les voitures ici.
Peter Navarro sur Elon Musk


Une pique bien sentie, qui vise directement l’empire automobile de Musk, alors que Tesla, comme tout le secteur, va devoir encaisser les lourdes surtaxes douanières dévoilées la semaine dernière par Donald Trump. Pas étonnant que l’homme d’affaires ait riposté sur X en le traitant de « crétin » et de « bête comme ses pieds » : entre Navarro, architecte des guerres commerciales, et Musk, fer de lance de l’innovation, le torchon brûle, et ça promet des étincelles.

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Un clash qui remet en lumière Peter Navarro


Mais pourquoi tant de hargne ? On peut y voir un règlement de comptes personnel ou une critique plus large des politiques protectionnistes que Navarro a portées à bout de bras. Lui qui a façonné les droits de douane sous Trump n’a visiblement pas que des fans, même parmi les grandes figures du business. Ce clash, aussi bref soit-il, remet en lumière un personnage qui ne laisse personne indifférent.

Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. Navarro, c’est cet économiste qui a su se faire une place dans l’ombre de Donald Trump, au point de devenir une pièce maîtresse de sa stratégie commerciale. Mais derrière les titres ronflants et les discours enflammés, son parcours a quelque chose de bancal, presque romanesque. Alors, Musk a-t-il raison de le tacler aussi violemment ? Pour le savoir, il faut plonger dans l’histoire de cet homme, entre ses idées radicales et ses méthodes… disons, originales.

L’ascension d’un protectionniste acharné


Peter Navarro n’est pas tombé de nulle part. Économiste de formation, auteur à ses heures, il s’est fait connaître bien avant Trump grâce à un livre qui claque comme un slogan : Death by China, sorti en 2011. Dans cet ouvrage, il dresse un portrait alarmiste des relations économiques avec la Chine, accusant Pékin de tous les maux : délocalisations, dumping, pratiques déloyales. Le ton est cash, les chiffres percutants, et ça plaît. Tellement, d’ailleurs, que l’ouvrage attire l’œil de Jared Kushner, le gendre de Trump, pendant la campagne de 2016. Selon Vanity Fair, c’est même le titre qui aurait séduit Kushner, avant qu’il ne mette son beau-père en contact avec l’auteur. Une rencontre qui va tout changer.

À partir de là, Navarro grimpe les échelons. Il devient conseiller au commerce sous les deux mandats de Trump, et pas n’importe lequel : celui qui pousse pour des barrières douanières musclées, surtout contre la Chine. Ses idées, elles viennent de loin, d’une méfiance profonde envers la mondialisation. Pour lui, protéger l’économie américaine, c’est remettre des murs là où d’autres voudraient des ponts. Et tant pis si ça secoue les marchés ou les partenaires commerciaux. Cette vision, elle a marqué les années Trump, avec des hausses de tarifs qui ont fait grincer des dents à l’international. Mais Navarro, lui, y croit dur comme fer.

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Ron Vara, l’expert qui n’existait pas


C’est là que l’histoire prend un tour carrément surréaliste. Dans Death by China, mais aussi dans des travaux plus anciens, Navarro aime citer un certain Ron Vara. Un nom qui revient souvent, comme une caution solide pour appuyer ses attaques contre Pékin. Sauf que voilà : Ron Vara n’existe pas. C’est une invention, un jeu de lettres avec son propre nom – une anagramme, tout bêtement. Quand le pot aux roses est découvert, il finit par l’admettre, un peu gêné, en parlant d’un « dispositif fantaisiste ». Une blague, presque, sauf que ça ne fait pas rire tout le monde.

Mais le plus fou, c’est qu’il ne s’arrête pas là. En 2019, alors qu’il est en plein dans ses fonctions à la Maison-Blanche, il utilise encore ce faux expert pour signer une note qui circule à Washington. On est en pleine guerre commerciale avec la Chine, les enjeux sont énormes, et lui glisse tranquillement un texte signé « Ron Vara » pour pousser des tarifs encore plus forts. Quand on lit cela, on se demande si c’est du culot ou de l’inconscience. Dans tous les cas, ça jette une ombre sur sa crédibilité. Parce que bon, inventer un personnage pour appuyer ses idées, ça passe peut-être dans un roman, mais dans les coulisses du pouvoir américain, cela fait quand même tache.

Un héritage qui divise


Aujourd’hui, Peter Navarro reste une figure clivante. Pour certains, il a été un visionnaire, un type qui a vu venir les dangers d’une dépendance à la Chine avant tout le monde. Ses fans diront qu’il a secoué un système trop mou, qu’il a défendu les ouvriers américains face à la concurrence déloyale. Mais pour d’autres, c’est un agitateur, un « gars » dont les idées simplistes ont fragilisé l’économie mondiale. Et puis, il y a cette histoire de Ron Vara qui colle à sa réputation comme une étiquette mal décollée. Difficile de le prendre totalement au sérieux après ça !

Elon Musk, lui, semble avoir tranché. Ses mots sur X résonnent comme un uppercut, et ils soulignent une fracture plus large. Parce que Navarro, avec ses droits de douane et son obsession anti-chinoise, incarne une vision que des entrepreneurs comme Musk, tournés vers l’innovation et les échanges mondiaux, peuvent trouver étriquée. Alors, « crétin » ou pas, une chose est sûre : cet économiste ne laisse personne indifférent. Reste à voir si son ombre continuera de planer sur la politique américaine, ou si elle finira par s’effacer, emportant Ron Vara avec elle.

( Temps de lecture : 7 minutes. L’illustration de notre article provient de notre stagiaire Alex.I Grok avec une représentation d’Elon Musk VS Peter Navarro, en mode combat verbal 1 V 1. )
 
chabot thierry
chabot thierry
Passionné par les ordinateurs depuis son premier PC-1512, il est l'auteur principal des articles concernant Internet, les OS et les moteurs de recherches. Il répond souvent sur les forums avec le pseudonyme Cthierry pour proposer des solutions.

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