Saints de glace 2025 : entre dictons populaires et douceur printanière
Publié le dimanche 11 mai 2025 10h31
Ce dimanche 11 mai, c’est le premier jour des fameux Saints de glace, célébrés chaque année du 11 au 13 mai. Et cette année, ils s’annoncent bien différents des dictons d’antan. Loin des gelées tant redoutées par les jardiniers, Mamert, Pancrace et Servais apporteront douceur et risques d’orages. Selon une croyance populaire qui date du moyen âge « avant Saint-Servais, point d’été. Après Saint-Servais, plus de gelée ». Mais d’où vient cette vieille tradition, et pourquoi continue-t-elle de rythmer nos jardins ? Pour terminer le petit tour du BeMac de ce jour de repos, nous fêtons aussi les Estelle.
Un enfant qui repique des plantations au printemps (Crédit : Schauhi)
Saints de glace : une vieille histoire née dans les champs
Au cœur du printemps, quand les bourgeons éclatent et que les jardins reprennent vie, une vieille croyance refait surface : celle des saints de glace et du dicton « avant Saint-Servais, point d’été. Après Saint-Servais, plus de gelée ». Ces trois jours, dédiés à saint Mamert, saint Pancrace et saint Servais, ont marqué les esprits dès le Haut Moyen Âge. À l’époque, les paysans, scrutant le ciel, remarquaient parfois un brusque coup de froid autour de la mi-mai. Ce n’était pas systématique, mais assez fréquent pour que l’idée s’ancre.
On disait que ces saints, fêtés les 11, 12 et 13 mai, apportaient avec eux une vague de fraîcheur, parfois même des gelées capables de griller les jeunes pousses. Pas étonnant que les agriculteurs, à une époque où la météo restait un mystère, se soient tournés vers ces figures religieuses pour conjurer le sort. Cette tradition, bien que moins rigoureuse qu’on pourrait le croire, a traversé les siècles, portée par une sorte de mémoire collective qui mêle foi, observation et un peu de superstition.
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Des gelées qui ne tiennent pas toujours leurs promesses
Si les anciens craignaient ces journées, la réalité est plus nuancée. Les statistiques météo le confirment : un vrai gel en plaine, à la mi-mai, c’est rare. Bien sûr, il y a des années où le mercure chute, et les jardiniers, méfiants, racontent encore des histoires de plants de tomates noircis par le froid. Mais souvent, ces saints passent sans faire de vagues. En 2025, par exemple, les prévisions s’éloignent carrément du cliché : pas de gelées en vue, mais une douceur presque estivale, avec des températures qui pourraient grimper et même des orages pour pimenter le tout.
Ce décalage, il faut dire, n’est pas nouveau. Déjà, au fil des décennies, les observations montraient que ces fameuses dates n’étaient pas toujours synonymes de catastrophe pour les cultures. Et pourtant, l’idée persiste, comme un réflexe. Peut-être parce qu’elle rappelle une vérité simple : le printemps, même radieux, reste capricieux.
Pourquoi ces dates-là précisément ?
Mais au fait, pourquoi ces trois jours précis ? Les saints Mamert, Pancrace et Servais n’ont pas été choisis au hasard. Leurs fêtes, fixées par le calendrier liturgique, coïncidaient avec une période où, parfois, un phénomène météo particulier se produisait. Certains parlent de la « lune rousse », cette phase lunaire qui, selon la croyance, accentuerait le risque de froid nocturne. D’autres pointent du doigt des mouvements atmosphériques, comme une descente d’air frais depuis le nord. Les scientifiques, eux, restent prudents : aucune preuve ne lie systématiquement ces dates à un refroidissement.
Ce qui est sûr, c’est que le climat de mai, en Europe, peut être instable. Une belle journée ensoleillée peut vite laisser place à une nuit frisquette, et ça, les anciens l’avaient bien compris. Ils ont donné un nom à ce moment, une sorte de repère pour ne pas se faire surprendre. Et même si les outils modernes, satellites et modèles numériques, ont relégué ces dictons au second plan, ils continuent de résonner.
Les jardiniers : 3 jours entre prudence et tradition
Pour ceux qui mettent les mains dans la terre, ces trois jours restent un jalon. Demandez à un jardinier, et il vous dira peut-être qu’il attend la fin de cette période pour planter ses tomates, ses courgettes ou ses aubergines. Ces plantes, qu’on appelle « gélives » parce qu’elles détestent le froid, sont les plus vulnérables. Un coup de gel, même léger, et c’est toute une saison qui peut être compromise. Alors, par prudence, beaucoup préfèrent patienter. C’est presque un rituel : on surveille le ciel, on écoute les prévisions, et on se fie un peu à ce que disaient les anciens.
Pourtant, avec le réchauffement climatique, les choses changent. Les printemps sont souvent plus doux, les gelées moins fréquentes. Cette année par exemple, les jardiniers risquent surtout de devoir gérer des averses orageuses plutôt que des nuits glaciales. Mais la tradition, elle, a la peau dure. Elle rassure, elle rythme, elle donne du sens à une saison où tout semble possible.
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Un dicton qui perdure face au climat qui change
Ce qui frappe, avec cette vieille croyance, c’est qu’elle nous parle autant du passé que du présent. À l’époque, elle aidait à comprendre un monde imprévisible. Aujourd’hui, elle nous rappelle que le climat, même étudié par des supercalculateurs, garde une part de mystère. Et puis, il y a cette question qui plane : avec le réchauffement, est-ce que ces dictons vont finir par perdre tout leur sens ? Déjà, en cette mi-mai, l’on parle plus de chaleur et d’orages que de gel. Les saints de glace, autrefois craints, pourraient bien devenir un simple clin d’œil au folklore. Mais pour l’instant, ils sont toujours là, dans les conversations, dans les gestes des jardiniers, dans cette manière qu’on a de regarder le ciel en se disant : « On verra bien ce que Mamert nous réserve. » Et ça, c’est peut-être ce qui fait la force de ces traditions : elles évoluent, elles s’adaptent, mais elles ne disparaissent pas complètement.
Aujourd’hui, on peut presque dire que les saints de glace, c’est un peu plus qu’une vieille histoire. C’est une façon de se souvenir que la nature, même au printemps, peut surprendre. Cette année, Mamert, Pancrace et Servais n’apporteront probablement pas le froid redouté, mais ils resteront un repère, un moment où l’on prend le temps d’observer, d’attendre, de respecter le rythme des saisons. Pour les jardiniers, pour les curieux, pour tous ceux qui aiment lever les yeux vers le ciel, ces trois jours continuent de raconter une histoire. Une histoire de patience, d’espoir, et d’un lien ancien avec la terre. Et rappelez-vous qu’« à la Saint-Servais, le printemps fait ce qu’il plaît ».
( Temps de lecture : 6 minutes | L’illustration de notre article provient de Schauhi sur le site Internet Pixabay. Si l’image vous intéresse, vous pouvez faire un don sur le site avant de la télécharger )
chabot thierry
Passionné par les ordinateurs depuis son premier PC-1512, il est l'auteur principal des articles concernant Internet, les OS et les moteurs de recherches. Il répond souvent sur les forums avec le pseudonyme Cthierry pour proposer des solutions.