Journée mondiale de la liberté de la presse : l’IA, alliée ou menace pour l’information ?
Publié le samedi 03 mai 2025 08h28
Nous sommes le samedi 3 mai, et c’est la Journée mondiale de la liberté de la presse, le « World press freedom day », un moment pour réfléchir à l’importance d’une information libre et fiable. En 2025, pour sa 32e édition, cette journée met l’accent sur un sujet brûlant : « La liberté d’expression face à la révolution de l’intelligence artificielle ». Alors que l’IA transforme nos sociétés, elle soulève des questions cruciales sur le journalisme, la désinformation et les droits humains. À cela s’ajoute le classement 2025 de Reporters sans frontières, qui dresse un état des lieux contrasté de la liberté de la presse, avec la France en 25e position. Plongeons dans les enjeux de cette journée, entre espoirs et défis. Pour terminer le petit tour du BeMac de ce début de week-end, nous fêtons aussi les Jacques le Mineur et Philippe l’Apôtre.
Journée mondiale de la liberté de la presse : un café avec Charlie Hebdo
Pourquoi le 3 mai pour la Journée mondiale de la liberté de la presse ?
Tout commence en 1993, quand l’Assemblée générale des Nations Unies décide de faire du 3 mai la Journée mondiale de la liberté de la presse. Ce choix n’est pas un hasard. Il commémore la Déclaration de Windhoek, adoptée deux ans plus tôt en Namibie par des journalistes africains. Ce texte, vibrant plaidoyer pour une presse indépendante et pluraliste, a marqué un tournant. Il appelait à protéger les médias face aux pressions politiques et économiques, un combat toujours d’actualité. Aujourd’hui, cette date rappelle à tous, gouvernements, citoyens ou journalistes, que l’information libre est un pilier des sociétés démocratiques. C’est un moment pour faire le point, célébrer les avancées, mais aussi pointer du doigt les reculs, comme ceux soulignés dans le dernier rapport de Reporters sans frontières.
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Une 32e édition sous le signe du changement
En 2025, cette journée souffle sa 32e bougie, et elle n’a rien perdu de sa pertinence. Depuis ses débuts, elle a évolué pour s’adapter aux défis de chaque époque : censure, violences contre les journalistes, et maintenant, l’impact des technologies. Cette année, l’UNESCO, qui pilote l’événement, a choisi un thème qui résonne avec notre quotidien : l’intelligence artificielle et ses effets sur la liberté d’expression. C’est une façon de reconnaître que le monde change vite, et que les outils numériques, s’ils ouvrent des portes, posent aussi des questions épineuses. Partout, des conférences, des débats et des ateliers se tiennent pour réfléchir à comment préserver une presse libre dans ce contexte.
L’intelligence artificielle, amie ou ennemie de la liberté d’expression ?
L’intelligence artificielle, on en parle partout. Elle guide nos choix sur Netflix, optimise les politiques publiques, et de plus e plus souvent, elle rédige des articles. Mais son influence va bien au-delà. Elle peut amplifier la liberté d’expression en rendant l’information plus accessible, ou au contraire, la menacer en facilitant la manipulation. Les deepfakes, ces vidéos truquées ultra-réalistes, en sont un exemple flagrant.
Imaginez une fausse déclaration d’un homme politique, diffusée juste avant une élection. Le potentiel de chaos est énorme. L’UNESCO insiste : sans une gouvernance claire, l’IA risque de fragiliser le droit à l’information. Pourtant, elle offre aussi des opportunités, comme détecter les fake news ou aider les journalistes à analyser des données complexes. Le défi, c’est de trouver un équilibre pour que ces outils respectent les droits humains, sans devenir des armes de censure ou de propagande.
La désinformation, ce poison du numérique
Parlons franchement : trier le vrai du faux n’a jamais été aussi compliqué ces derniers mois. Avec les réseaux sociaux, l’info circule à la vitesse de la lumière, et pas toujours pour le meilleur. Un tweet mal interprété, une vidéo sortie de son contexte, et voilà des rumeurs qui enflamment les esprits. Ces derniers mois, la désinformation a pris une place inquiétante, souvent accompagnée de discours de haine. Les articles à sensation, qu’on appelle parfois « putaclics », n’arrangent rien. Ils attirent les clics, mais brouillent les pistes. N’importe qui peut publier du contenu aujourd’hui, et c’est à la fois une force et une faiblesse. Résultat : on se méfie de tout, et forger son opinion devient un casse-tête. Cette journée du 3 mai nous rappelle qu’une presse libre, ce n’est pas juste publier ce qu’on veut. C’est aussi garantir une info fiable, vérifiée, pour ne pas manipuler les foules.
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Le classement 2025 : la France recule et le monde actuel inquiète
Chaque année, Reporters sans frontières livre son classement de la liberté de la presse, et 2025 ne fait pas exception. Sur 180 pays, la Norvège caracole en tête, suivie par l’Estonie et les Pays-Bas. À l’autre bout, l’Érythrée ferme la marche, juste derrière la Corée du Nord, la Chine et la Syrie. Et la France ? Elle chute à la 25e place, contre 21e en 2024. Pas de quoi pavoiser. RSF pointe des failles : des lois pas assez solides pour protéger les sources des journalistes, des conflits d’intérêts dans les médias, et un audiovisuel public fragilisé depuis la fin de la redevance. Sans parler des violences, parfois policières, contre les reporters en manifestation.
Si les exactions physiques contre les journalistes sont l’aspect le plus visible des atteintes à la liberté de la presse, les pressions économiques, plus insidieuses, sont aussi une entrave majeure. L’indicateur économique du Classement mondial de la liberté de la presse continue de chuter en 2025 et atteint un niveau critique inédit. Conséquence : pour la première fois, la situation de la liberté de la presse devient « difficile » à l’échelle du monde. RSF.org
Ce classement, consultable sur « rsf.org/fr/classement », est un miroir. Il montre que même dans les démocraties, la liberté de la presse n’est jamais acquise. Et ailleurs, dans des pays comme la Syrie ou l’Érythrée, elle est carrément en lambeaux.
Un appel à l’action face à l’IA et la désinformation
Cette Journée mondiale de la liberté de la presse est plus qu’un symbole. C’est un cri de ralliement. Face à l’IA, à la désinformation, aux pressions économiques et politiques, il faut agir dès maintenant. Les gouvernements doivent renforcer les lois pour protéger les journalistes. Les citoyens, eux, peuvent soutenir les médias indépendants, vérifier leurs sources, et ne pas partager n’importe quoi en ligne. Quant aux professionnels de l’info, leur rôle est crucial : rester rigoureux, éthiques, et ne pas céder à la course au buzz.
L’UNESCO le dit clairement : sans efforts collectifs, les défis posés par l’IA et la désinformation vont s’aggraver. Mais il y a de l’espoir. Des initiatives émergent, comme des outils d’IA pour traquer les fake news ou des lois pour réguler les plateformes. Le 3 mai 2025, prenons le temps de réfléchir : une presse libre, c’est la base d’une société qui respire. Et cela vaut la peine que l’on se batte.
chabot thierry
Passionné par les ordinateurs depuis son premier PC-1512, il est l'auteur principal des articles concernant Internet, les OS et les moteurs de recherches. Il répond souvent sur les forums avec le pseudonyme Cthierry pour proposer des solutions.