Recherche en ligne et IA : pourquoi Google risque le démantèlement

Publié le mardi 22 avril 2025 11h19
Lundi 21 avril, Google était de nouveau face aux juges lors d’audiences cruciales. Au cœur des débats : doit-il céder son navigateur Chrome après avoir été reconnu coupable d’abus de position dominante ? Les États-Unis et la Commission européenne brandissent la menace d’un démantèlement de Google, accusé de pratiques anticoncurrentielles dans la recherche en ligne et l’intelligence artificielle. Avec des lois antitrust au cœur des débats, un verdict historique pourrait redessiner l’avenir du géant technologique. Plongée dans une saga judiciaire qui secoue la Silicon Valley.
Le moteur de recherche Google sur une tablette Samsung (Crédit : ASPhotohrapy)

Une domination écrasante sous le feu des critiques


Tout a vraiment commencé à prendre de l’ampleur en août 2024. Un juge fédéral, Amit Mehta, a lâché une bombe : Google a abusé de sa position pour écraser la concurrence dans la recherche en ligne. On parle ici d’accords juteux avec des géants comme Apple ou Samsung pour que le moteur de recherche de Google soit imposé par défaut sur leurs appareils. Vous savez, ce moment où vous ouvrez votre nouveau smartphone et que, hop, Google est déjà là, prêt à répondre à vos questions ?

Eh bien, ces deals, selon la justice américaine, sont un frein à la concurrence. Le verdict a été clair : c’est illégal. Et maintenant, les autorités veulent frapper fort. Elles exigent que Google se sépare de Chrome, son navigateur star, qui canalise des milliards d’utilisateurs vers son moteur de recherche. Sans Chrome, le colosse pourrait vaciller, et ça, c’est un sacré pari.

Publicité

L’Europe entre dans la danse


De l’autre côté de l’Atlantique, la Commission européenne n’est pas en reste. Elle a Google dans le collimateur depuis des années, et elle n’a pas l’intention de lâcher l’affaire. Déjà, en 2018, elle avait infligé une amende de 4,34 milliards d’euros pour des pratiques similaires, notamment sur le système Android. Là, elle surveille de près les avancées de l’intelligence artificielle et la manière dont Google pourrait l’utiliser pour verrouiller encore plus le marché.

La Commission, avec ses lois antitrust bien affûtées, veut s’assurer que personne ne domine outrageusement le secteur. « Nous devons garantir un marché équitable pour les innovateurs européens », a déclaré une porte-parole de l’institution. Traduction : si Google continue de jouer les gros bras, Bruxelles est prête à dégainer des sanctions encore plus lourdes.

L’IA, le nouveau champ de bataille


Parlons un peu de l’intelligence artificielle, parce que c’est là que ça devient vraiment brûlant. Avec l’émergence de ChatGPT ou Gemini, le paysage de la recherche en ligne est en train de changer à toute vitesse. Fini le temps où on tapait une question et où on scrollait une liste de liens. Maintenant, les chatbots vous donnent des réponses directes, comme un pote qui sait tout. Mais voilà, Google, avec son IA maison, veut rester le roi de la recherche. Le problème ? Les autorités, surtout aux États-Unis, craignent que cette domination dans la recherche classique ne se transforme en un monopole dans l’IA. Gail Slater, la nouvelle patronne de l’antitrust sous Trump, a été catégorique : « On ne peut pas laisser une seule entreprise contrôler l’avenir de la recherche boostée par l’IA. » Du coup, ils veulent ouvrir la porte à des petits nouveaux, comme Perplexity AI, qui essayent de se faire une place au soleil.

Des lois antitrust pour secouer la Silicon Valley


Tout ça, c’est une histoire de lois antitrust, ces règles qui existent pour éviter que des entreprises deviennent trop puissantes et étouffent la concurrence. Aux États-Unis, le département de la Justice pousse pour des mesures radicales, comme interdire à Google de signer des contrats qui imposent son moteur par défaut. En gros, ils veulent que vous ayez le choix, vraiment. En Europe, c’est un peu le même refrain, mais avec une touche plus… européenne, disons. La Commission européenne a une longue tradition de taper sur les doigts des géants tech, et elle n’hésite pas à brandir des amendes colossales ou à imposer des changements structurels. « Les lois antitrust sont là pour protéger les consommateurs, pas pour favoriser les monopoles », a rappelé un haut fonctionnaire bruxellois. Et Google, avec ses 90 % de part de marché dans la recherche, est pile dans le viseur.
Publicité

Google crie au scandale


Évidemment, Google n’est pas du genre à se laisser faire sans broncher. La firme de Mountain View a qualifié les demandes de démantèlement de « radicales » et jure que ça nuirait aux utilisateurs. Selon eux, forcer la vente de Chrome ou casser leurs accords avec les fabricants de smartphones, c’est comme punir une entreprise pour avoir trop bien réussi. « Nos produits sont plébiscités parce qu’ils sont bons, pas parce qu’on force la main », a plaidé un porte-parole. Ils ont aussi sorti l’argument géopolitique : affaiblir Google, c’est risquer de laisser la Chine prendre l’avantage dans la course technologique. Pas sûr que ça convainque les juges, mais ça montre à quel point la bataille est tendue.

Google : un colosse aux pieds d’argile sans Chrome ?


Sans Chrome, Google perdrait une source massive de données sur les recherches et les comportements en ligne des utilisateurs. Chrome, utilisé par environ 65 % des internautes dans le monde, est bien plus qu’un simple navigateur : c’est une porte d’entrée vers l’écosystème de Google. Chaque clic, chaque recherche, chaque site visité via Chrome génère des données précieuses que Google utilise pour affiner ses algorithmes, personnaliser ses publicités et dominer le marché de la recherche en ligne.

Si Google devait s’en séparer, comme l’exigent les autorités antitrust américaines, l’entreprise perdrait un accès direct à ces informations. Par exemple, les données de navigation (comme les historiques de recherche ou les habitudes de clic) permettent à Google de mieux cibler ses annonces, qui représentent l’essentiel de ses revenus (environ 80 % de son chiffre d’affaires en 2024). Sans Chrome, Google devrait s’appuyer sur d’autres navigateurs ou plateformes, où elle aurait moins de contrôle et où des concurrents comme Firefox ou Safari pourraient limiter la collecte de données.

Pire encore, perdre Chrome pourrait affaiblir la position de Google comme moteur de recherche par défaut. Actuellement, des accords avec Apple (pour Safari) ou Mozilla (pour Firefox) coûtent à Google des milliards chaque année pour rester l’option préinstallée. Si Chrome disparaît, Google devrait renégocier ou intensifier ces partenariats, avec un risque accru de voir des rivaux comme Bing ou des start-ups IA comme Perplexity gagner du terrain. En gros, sans Chrome, Google ne serait pas fini, mais son emprise sur nos données et sur la recherche en ligne en prendrait un sacré coup.

Publicité

Un verdict qui pourrait tout changer


Les audiences du 21 avril 2025 ont marqué un tournant, mais on est loin de la fin. Une décision finale est attendue pour l’été 2025, et Google a déjà promis de faire appel si les sanctions sont trop dures. Ce qui est sûr, c’est que ce procès est un moment charnière. Si Google est forcé de se restructurer, ça pourrait ouvrir la voie à plus de concurrence, aussi bien dans la recherche classique que dans l’IA. Des start-ups pourraient enfin respirer, et les consommateurs auraient peut-être plus de choix. Mais il y a un revers : un Google affaibli pourrait laisser la place à d’autres géants, pas forcément plus sympas. Et puis, il y a l’Europe, qui regarde tout ça avec un sourire en coin, prête à enfoncer le clou si besoin.

Et après, que deviendra la recherche en ligne ?


Franchement, personne ne sait exactement à quoi ressemblera le web dans cinq ans. Ce qui se joue aujourd’hui, c’est une bagarre pour l’avenir de la tech. Est-ce que Google restera le maître incontesté ? Est-ce que l’IA va tout bouleverser ? Ce qui est clair, c’est que les lois antitrust, qu’elles viennent de Washington ou de Bruxelles, vont avoir un rôle énorme. « C’est un moment décisif pour l’innovation », a résumé un analyste du secteur. Et nous, simples internautes, on est là, à regarder ce combat de titans, en espérant que ça nous donne un internet un peu plus ouvert, un peu plus libre. Mais ça, seul l’avenir nous le dira.

( Temps de lecture : 8 minutes. L’illustration de notre article provient de ASPhotohrapy sur le site Internet Stevepb. Si l’image vous intéresse, vous pouvez faire un don sur le site avant de la télécharger. )
 
chabot thierry
Passionné par les ordinateurs depuis son premier PC-1512, il est l'auteur principal des articles concernant Internet, les OS et les moteurs de recherches. Il répond souvent sur les forums avec le pseudonyme Cthierry pour proposer des solutions.

FacebookTwitterLinkedin
Vous avez aimé cet article ? Partagez-le !